samedi 17 mai 2014

Godzilla, chef d'oeuvre atomique [Analyse et avis]

Attention ! Cette critique contient de nombreux spoilers sur le film !

Nous y voilà, le film événement de l’année est sorti cette semaine en salle. Marquant le soixantième anniversaire de Godzilla, le nouveau film a été confié à Gareth Edwards, ancien des effets spéciaux, réalisateur du très réussi film de science-fiction indépendant Monsters et probable future étoile montante du cinéma hollywoodien. Alors qu’il doit remettre au goût du jour une franchise prolifique, respecter un genre rare et codifié, préparer une potentielle nouvelle saga et assurer le spectacle et la qualité d’un film, Godzilla a-t-il les épaules de ses folles ambitions ?


S’ouvrant sur un générique qui rappelle les bonnes heures du kaiju eiga, distillant subtilement le mystère du film, les enjeux sont posés durant le premier tiers du film qui joue sur une certaine sobriété. Ici les origines du monstres se rapprochent du film de 1954, soit il s’agit d’un véritable monstre préhistorique se nourrissant des radiations nucléaires, réveillé par les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki. La vraie originalité réside dans le traitement fait au lézard par le passé, si l’on regrette légèrement le fait qu’il ne soit pas rattaché à la continuité du premier film, la surprise vient de la réécriture historique voulant que les essais nucléaires américains des années 50, et plus particulièrement la bombe Castle Bravo larguée en 1954 (année de sortie du premier Godzilla qui en fut une réponse) aient été effectuées afin de détruire la menace potentielle représentée par Godzilla. Le film commence donc par une excellente et originale idée, permettant de contextualiser directement les événements pour pouvoir embrayer sans tarder sur le cœur du sujet. En 1999 (année du retour de Godzilla sur les écrans nippons, clin d’œil ?), une poche d’uranium est découverte, mais celle-ci abrite en réalité les restes fossilisés d’un énorme monstre et de son parasite ayant causé sa mort, c’est l’occasion à la fois de distiller de nouvelles informations concernant les mystères de ces monstres géants qui seront résolus dans la deuxième partie du film et de nous présenter les personnages de Sally Hawkins et Ken Watanabe dans une scène aux teintes sombres et à l’ambiance singulière.

Mais cette première partie du film est aussi l’occasion de dévoiler les personnages-clés d’un film aux premières allures de drame familial sur fond de monstres géants. En cela le film se veut comme un digne successeur des films à spectacle généreux, forts en émotions et profondément humains, à l’image des films de Steven Spielberg et des productions Amblin. La famille est contextualisé en trente secondes, et c’est tout ce qu’il faut car la scène est réalisée habilement pour faire comprendre les relations qu’entretient la famille. Vient ensuite l’un des passages-clés du film duquel découlera ses événements, la mort de la femme dans une scène prenante par sa simplicité et sa radicalité lorsque les portes se referment inéluctablement, Sandra Brody, clé de voûte de l’équilibre de la famille qui se brisera à la disparition de la figure maternelle. C’est ce que montre le film par la suite lorsqu’il traitera de la relation père/fils, tous deux motivés des suites de ce drame mais agissant de façon différente. De là à penser le fait sous-jacent que Godzilla soit l‘envoyé de mère-nature afin de rétablir l’équilibre du monde, il n’y a qu’un pas.

D’ailleurs, les monstres représentent les kaiju dans tout ce qu’ils ont de plus significatif et renvoie à la nature même du mot dont l’origine japonaise de « monstre géant » et différente d’une vision occidentale du monstre comme créature malveillante mais signifie une force de la nature, ni bonne ni mauvaise. Et c’est cela que représentent les monstres du film que ce soit Godzilla, symbole d’une nature reprenant ses droits sur l’espèce humaine avec perte et fracas mais dans le but de rééquilibrer la balance, ou les MUTO qui eux imagent les effets du nucléaire incontrôlé et rappellent les retombés mal maîtrisées des essais nucléaires, tout en symbolisant par leurs pouvoirs magnétiques la peur d’une déperdition technologique dans un avenir plus ou moins proche. Le message étant certes différent de ce que voulait faire passer Inoshiro Honda dans le film original de 1954, mais n’en est pas moins complémentaires et tout aussi pertinent quoique moins virulent, mais servi avec une simplicité et une authenticité rare et plus enfoui dans le fond du film qui nécessite de la réflexion pour en tirer sa substance profonde.

Le premier tiers du film est rythmé par la chasse du MUTO des deux personnages principaux Joe et Ford Brody, incarnés respectivement par Bryan Cranston (MalcolmBreaking Bad) et Aaron « Kick-Ass » Taylor-Johnson, ce dernier est militaire expert en désarmement de bombes et dans son comportement suit les traces de son père, à savoir privilégier son travail à sa vie familiale et sa femme Ellie joue elle aussi le rôle clé de cette famille. D’ailleurs l’actrice Lizzie Olsen doit accomplir l’exploit de caractériser son rôle sur une seule scène pour pouvoir se rapprocher elle aussi de la figure maternelle en ajoutant une touche de féminité et doit captiver suffisamment pour que le spectateur puisse s’inquiéter dans ses scènes ultérieurs qui seront d’ailleurs pas mauvaises en soi et même plutôt sobres et justes, mais n’apporteront rien quant à l’évolution du personnage. Cranston possède probablement le personnage le plus passionnant et émouvant. Il va chercher à connaître la vérité cachée par les autorités japonaises, à l’instar du héros de Rencontre du Troisième Type, concernant l’incident de la centrale s’étant effondré dans la région de Tokyo et causant la mort de sa femme. Dévasté, cette quête rédemptrice est moins pour trouver ce qui s’est réellement passé dans cette centrale mais pour pouvoir faire son deuil, ce qui transparaît dans le jeu admirable et tout en nuances de l’acteur qui possède une diction incroyable, on boit chacune de ses paroles. Entre temps son fils cherchera à renouer les liens distendus depuis longtemps allant jusqu’à l’aider dans sa quête. C’est l’occasion ainsi de passer par une superbe scène au sein d’une banlieue de Tokyo où la nature a repris ses droits, baignée d’une lumière à peine visible et pourtant tellement présente, comme une prémonition du rôle de Godzilla dans le film. Et symboliquement, le père se laisse mourir lorsqu’il a accompli la « mission », la scène est âpre et crue et traite la mort de façon naturaliste. Elle marque la fin du premier acte, comme pour passer le relais à son fils à même d’arrêter la menace qui a causé la mort de sa mère et qui pourrait causer celle de sa femme et de son fils.


L’apparition du premier MUTO marque aussi le début des véritables festivités. Le passage de son éclosion dans les ruines de la centrale réhabilitée afin de le confiner impressionne, le suspense est intense et la gestion de la lumière parfaitement maîtrisé, on nous scotche une première fois à notre siège. Car oui tous les passages de monstres sont une incroyable réussite. L’une des bonnes idées est de toujours retranscrire ces passages comme si le spectateur était au cœur de la scène, qu’il la voyait avec ses propres yeux, ainsi l’implication est renforcée et nous sommes livrés face à une expérience visuelle extraordinaire comme le cinéma en produit peu. On vit au rythme des séquences intensément, j’étais cramponné à ma copine et la bouche ouverte en vibrant à chaque coup lourd et puissant asséné, à chaque pas faisant presque trembler la salle, à chaque apparition jubilatoire du roi des monstres poussant la joie presque primaire lorsqu’il use enfin de façon magistrale de son souffle atomique, allant enfin jusqu’à décapiter le MUTO. A noter aussi une superbe gestion de l’environnement sonore, encore une fois contribuant à nous plonger dans le film. Ajoutons la partition d’Alexandre Desplat qui prend de nombreuses inspirations au kaiju eiga, certains passages rappelant les sublimes thèmes composés par Akira Ikufube, mais surtout des films de monstres classiques tels que Le Monde Perdu de 1925, King Kong, Jurassic Park, et dont les percussions et envolées répondent directement à ce qui se déroule sous nos yeux. On regrettera tout de même de ne pas entendre, ne serait-ce que lors du générique de fin, la fameuse Godzilla’s March, bien que certains passages y fassent fortement penser. 


Aussi Edwards s’inspire encore une fois des grands films fantastiques et de suspense d’antan, et surtout ceux de Spielberg comme Jurassic Park et les Dents de la Mer (le nom de Brody étant une allusion directe) dans sa mise en scène, jouant constamment sur une certaine pudeur lors des apparitions du monstre pour faire naître aussi bien l’angoisse que la fascination, et lorsque à terme on nous dévoile les monstres dans une immense scène de baston qui couvre quasiment tout le dernier tiers du film, on ne tient plus en place et l’enthousiasme m’a alors envahi face à ce spectacle à la beauté brute, comme un diamant non taillé. Godzilla représente pour moi le Jurassic Park des années 2010, et j’espère sincèrement qu’il restera autant dans les mémoires que son illustre aîné.

Le deuxième tiers du film sert donc à préparer le dernier acte, mais se veut aussi comme une mise en abîme du film. Le personnage de Ford commence ainsi à prendre son ampleur et se veut comme un homme moyen (même si certes militaire) motivé avant tout par l’idée de protéger sa famille. Taylor-Johnson peut ainsi laisser plus libre cours à ses expressions et son émotions, par exemple lorsqu’il est confronté au danger, Edwards détournant habilement le suspense en nous faisant nous inquiéter non pas pour le héros qui on le sait ne mourra pas de sitôt, mais pour les personnages qu’il tente de sauver. Alors le rôle n’est peut-être pas celui qui demande le plus de performance d’acteur et il est parfois écrit avec de gros sabots, mais l’acteur nous livre un jeu admirable dans son contexte. On voit enfin apparaître Godzilla lors de la surprenante attaque d’Hawaï et encore une fois, les bonnes idées de mise en scène se comptent à foison, notamment avec le traitement de l’arrivée du monstre, comme s’il s’agissait d’une véritable catastrophe naturelle. La surprise vient du fait que, poussant son concept de l’action vue à travers les yeux des hommes, la bataille se conclut devant un poste de télévision, retranscrit par une chaîne d’information. L’idée ne plaira pas à tout le monde, mais elle a le mérite d’être originale et diablement bien introduite, tout en nous rappelant que finalement, nous faisons la même chose au quotidien. Narrativement il s’agit probablement du chapitre le plus faible du film, malgré deux scènes intenses et éprouvantes, celle d’Hawaï et la stressante embuscade du MUTO sur le train, nous assistons à quelques tunnels explicatifs qui sont certes nécessaires pour l’avancée de l’intrigue et indispensable à la compréhension de tous les enjeux, mais auraient pu être plus ludique. Ils sont souvent donnés par le docteur Daisuke Serizawa interprété par Ken Watanabe qui reste un personnage assez monolithique, sorte d’érudit ayant toujours un coup d’avance, mais le rôle appelle à ça et s’inscrit bien dans le concept du film. Ainsi l’armée va commencer à prendre les choses en main et son traitement est lui aussi réaliste, évitant certains clichés, s’engouffrant dans d’autres mais restant toujours tout à fait crédible aussi bien dans ses agissements comme ses décisions à l’instar de la volonté de renvoyer une bombe nucléaire à la tronche des monstres, comme si l’humanité répétait en boucle ses propres erreurs. Et c’est cela aussi l’autre message important que veut faire passer le film qui nous montre cette tendance qu’a l’humanité à reproduire ses erreurs à toute échelle, en usant de la bombe sans maîtriser les conséquences ni être sûr de son effet, en cachant de potentielles menaces sous prétexte qu’elles ne se sont pas encore manifester ou en sacrifiant sa famille pour sa vie professionnelle. Mais la fin de celui-ci nous montre la bombe exploser au loin après de vaines tentatives de désamorçage de la part du héros (on oubliera l’invraisemblance concernant les radiations…), le monstre auparavant vu comme un danger se débarrasser de la menace pour l’équilibre planétaire et par extension pour la race humaine, et la famille complète et réunie, le film finissant ainsi par une note d’espoir et cherche à nous dire avec une candeur salvatrice qu’il ne tient qu’à nous de ne pas reproduire les erreurs du passé et de nos aînés.

Enfin, le troisième acte mise sur le rythme sans faille et privilégie l’action pour un final réjouissant et jubilatoire. L’arrivée de Godzilla sur le pont prend des considérations incroyables et nous laisse bouche-bée par sa maîtrise et sa grandeur. On voit enfin les monstres sous toutes leurs coutures se foutrent joyeusement sur la gueule. Abordons le look et le comportement de ceux-ci, fort bien réussis. On voit déjà une antinomie véritablement apparente et palpable entre les deux prédateurs naturels, les MUTO et Godzilla. Les MUTO sont des sortes d’insectoïdes à l’apparence racée et aux traits anguleux inspirant dès leur première apparition une certaine frayeur. Avec leurs reflets rouges due à l’énergie électromagnétiques leur parcourant le corps, ils rappellent directement les kaiju de Pacific Rim et leurs couleurs vives, mais aussi plus étonnement le monstre Gigan du bestiaire de la Toho, dans les traits de la gueule avec leur bec et leurs yeux mis en avant par des bandes rougeâtres et avec leurs pattes fourchues ressemblant étrangement à des lames. Ils sont considérés comme des parasites et cherchent à se reproduire, ainsi ils ont un comportement réalistes d’animaux, ce à quoi répond Godzilla lui est représenté quasiment comme une divinité. Big G possède un aspect rugueux et immense, comme si une montagne prenait vie, il est d’ailleurs fidèle à son design japonais et se rattache à son passé, de plus la volonté du réalisateur était de le montrer tantôt comme étant véritablement effrayant et menaçant, tantôt comme une créature plus paisible afin de créer de l’empathie pour le monstre-titre (d’où cette impression parfois de gros chien), dans tous les cas il s’agit probablement du meilleur compromis possible, entre respect et réactualisation. Il cherche donc à rétablir l’équilibre de la planète, tel un Dieu se souciant peu des humains et des dégâts qu’il peut causer. Leurs apparitions sont toujours savamment orchestrées, faisant monter la tension en les entrapercevant avant de les faire apparaître et se battre dans toute leur majesté, assumant pleinement son héritage du kaiju eiga en nous proposant des batailles dantesques et pleines de rebondissements, dont rien n’en réchappe indemne. Et Gareth Edwards profite de cette dernière partie pour libérer tout son art, faisant de chaque plan de véritables fresques, filmant les monstres, les ruines avec une telle splendeur, rare et précieuse. Finalement, le roi des monstres est au final présenté comme un monstre bienveillant ayant sauvé l’humanité, si ce traitement s’oppose tout de même à ce que nous a montrer le film jusque là, nous proposant une sorte de Divinité ni bonne ni mauvaise mais dévastant tout sur son passage lorsque cela est nécessaire, Edwards a l’audace de prendre le spectateur à contre-pied et de clôturer son film de manière optimiste sur une image iconique d’un Godzilla victorieux retournant vers les flots.

Le Godzilla de Gareth Edwards est donc au final un film qui certes divisera, mais il est à l’image de son monstre, grandiose et spectaculaire, qui s’illustre comme étant le blockbuster Alpha tout en gardant son intelligence et nous proposant un message simple mais offert avec une sincérité touchante, qui nous fait vite oublier ses quelques défauts. Godzilla est de retour et marque le véritable renouveau du kaiju eiga et d’un cinéma que l’on pensait oublié, le grand spectacle émouvant et humain.

5/5


mardi 13 mai 2014

Godzilla, la rétrospective complète des 30 films


Demain sort le blockbuster événement de l'année, l'enthousiasmant Godzilla de Gareth Edwards. Alors que je me fais ma séance dès ce soir, je vous propose de revenir sur l'intégralité de la saga en 29 chroniques, juste avant que vous n'alliez voir le trentième épisode de la plus longue saga de l'histoire du cinéma.
Ces chroniques sont des versions légèrement modifiées de celles que j'écris depuis l'été 2013 sur le forum Buzz Comics.

Enjoy, et rendez-vous dès demain pour la critique complète du reboot américain !




Gojira (1954) d'Inoshiro Honda
Naissance d'une saga, naissance d'un genre, naissance d'une icône de la culture populaire, ce premier film est aussi et surtout une grande oeuvre cinématographique.
Le lézard géant s'illustre comme une métaphore nucléaire bénéficiant une ambiance apocalyptique parfaitement retranscrite pour les moyens d'époque, rendant la menace crédible. On excusera une certaine naïveté propre à son temps, et pourtant le ton du film reste très grave et dramatique, avec une certaine politisation et un propos anti-arme fort. On sent un réalisateur marquée par les événements d'Hiroshima et Nagasaki notamment grâce aux scènes illustrant les répercussions du monstre.
D'ailleurs, il arrive à rendre celui-ci réellement effrayant par de nombreux procédés accentuant le gigantisme et la puissance de Godzilla, offrant un rendu fabuleux à ses scènes, et se permettant de rester l'un des films les plus impressionnants de la première ère de la saga. De plus, malgré l'âge du film, la photo reste encore aujourd'hui sublime, notamment sur les scènes de nuit primant la suggestion. Le message du film est légitime et marquera durablement les esprits, tout autant que la musique d'Akira Ikufube.
Un véritable chef d'oeuvre de genre, et un film à voir pour le message qu'il donne.
5/5


Godzilla Raids Again (1955) de Motoyoshi Oda

Ce deuxième opus se révèle être une bonne continuation du premier, avec l'arrivée d'un nouveau Godzilla qui ravagera le Japon en combattant un certain Anguirus.
Gardant un certain sous-texte politique et moral, celui-ci se retrouve tout de même atténué, notamment par une intrigue humaine assez simpliste. Le ton est moins grave mais reste relativement sérieux dès qu'apparaissent les monstres, encore une fois représentés avec brio, bien que le montage du combat soit inégal, certaines accélérations intempestives gâchent la crédibilité et la visibilité de celui-ci, mais les deux kaiju restent de vrais menaces effrayantes, et la mort d'Anguirus forte dans la mise en scène.
Du bon et du moins bon pour cette suite qui reste agréable à regarder.
4/5


King Kong vs Godzilla (1962) d'Inoshiro Honda

Honda revient aux manettes du lézard pour un film à la portée inaugurative pour la série. En effet, celui-ci va donner dans les grandes lignes la direction à suivre pour les films de la saga durant la quinzaine d'années suivantes.
Déjà, c'est ici qu'apparaît le fameuse Godzilla's Theme, la musique mythique reprise dans tous les films du monstre par la suite. Mais surtout, on peut voir que le sérieux, la portée politique et le message qui faisaient la force du premier film sont ici définitivement écartés (du moins pour ce film, d'autres de la période showa y feront références, comme le film venant juste après, mais il faudra attendre 1984 pour revoir un Godzilla ayant de nouveau cette portée thématique au coeur de l'intrigue).
On assiste donc à un film misant sur le fun, l'émerveillement et l'humour et d'une certaine façon, ce n'est pas si mal que ça. Si le scénario est plutôt insipide, on se prend à s'attacher un peu aux personnages, et à sourire à de nombreux moments. Mais surtout, ce qui restera la marque de fabrique de la série, c'est ses combats de monstres complètement décomplexés qu'inaugure ce King Kong vs Godzilla.
En cela, on passe un bon moment un peu puéril devant ce film à la mise en scène soignée, Honda maîtrise bien la réalisation de son film et ne se laisse pas encore bouffer par le poids de la tâche, même s'il est dommage que le gros point faible du film soit le nouveau King Kong et son folklore assez ridicule, loin de la version de 1933. Mais le combat avec le mont Fuji en fond restera une scène brillante dans sa forme, montrant à quel point cela peut être fun et décontracté de voir deux géants se foutre sur la gueule, devenant la principale attraction des films du dinosaure atomique.
3/5


Godzilla vs Mothra d'Inoshiro Honda (1964)

Première apparition de Mothra dans la série, et il en résulte le meilleur épisode de l'ère Showa.
Le film bénéficie d'un charme indéniable, l'aspect naïf du folklore entourant Mothra renforce la féerie inculqué au film donnant un aspect de conte moderne des plus réjouissants. La série retrouve une certaine morale, certes linéaire mais non moins pertinente, et Godzilla réapparaît enfin comme une vraie menace, avec des scènes très bien mises en scènes comme le superbe combat entre la mite et le lézard, la première apparition de Godzilla ou le climax final. Les séquences centrés sur les personnages humains sont elles aussi plutôt bonnes. Enfin, Akira Ikufube nous offre des thèmes mythiques qui restent parmi les plus belles et incroyables partitions de toute la saga.
Honda réalise donc ici l'un de ses meilleurs films, et peut-être le plus soigné avec l'original.
5/5

Ghidrah The Three-Headed Monster d'Inoshiro Honda (1964)

Godzilla démarre avec cet épisode sa lente descente aux enfers, malgré l'apparition de l'un des monstres les plus emblématiques de la série : King Ghidorah.
Le film prend son temps pour s'installer, reléguant les monstres au dernier tiers du film. Le problème, c'est que le scénario, à base de princesse perdue et de vague espionnage, se révèle bien fade, autant que les acteurs. Même Mothra perd toute superbe, en se médiatisant.
Le film décolle dès l'apparition du monstre-titre, qui offrira de belles scènes de destruction, malheureusement le combat qui viendra clore le film, opposant le Dragon de l'espace à Godzilla, Rodan et Mothra sera lui en demi-teinte, à cause d'un ridicule blabla de monstre (!) et d'une partie de cache-cache derrière les rochers, les bons passages de catch géants ne sauvant pas l'ensemble.
Godzilla amorce son virage en devenant une créature protégeant la terre, mais c'est surtout la faiblesse et l'essoufflement du réalisateur qui font perdre à la franchise de sa grâce.
2/5


The winner is : GODZILLA !
Invasion of Astro-Monster d'Inoshiro Honda (1965)

Suite presque directe à Ghidrah, et pourtant, ce film arrive à faire encore moins bien.
Scénario insipide et effets spécieux en deçà des précédents opus coulent le film qui pourtant avait du potentiel sur le papier, puisqu'il s'agit de la première incursion d'extra-terrestres voulant conquérir la Terre.
Encore une fois, les monstres apparaissent bien peu, relégués au second plan par des personnages inintéressants, et les scènes de baston ne parviennent pas à sauver le film du naufrage, mal chorégraphiées avec des moments assez ridicules, dont les fameux sauts de victoire de Godzilla (au moins, j'ai bien ri).
Honda s'est enlisé dans le mercantilisme de la série, suivant.
1/5

Ebirah : Horror Of The Deep de Jun Fukuda (1966)

Premier épisode réalisé par le très controversé Jun Fukuda, qui signera parmi les pires films de la saga, et pourtant ce premier jet est plutôt pas mauvais !
Outre le scénario assez peu intéressant et la musique irritante au possible (une constante dans les films de Fukuda...), le film enchaîne les péripéties à un rythme béton et une réalisation plutôt soignée dans l'ensemble.
Les apparitions de Godzilla sont elles aussi toujours bien orchestrées, malgré le ridicule involontaire de certaines scènes comme la partie de volley entre deux monstres, et justement le look assez hideux d'Ebirah... Merde, c'est une crevette géante quoi.
Une sympathique première virée de Fukuda dans la saga.
3/5


Son of Godzilla (1967) de Jun Fukuda

Minilla arrive dans cet épisode à la nullité affligeante.
C'est simple, y a rien à sauver. De l'histoire abrutissante aux effets spécieux pourris en passant par les jeux d'acteurs minables, c'est mauvais de bout en bout.
Minilla est tellement moche et affligeant qu'il en fait involontairement de la peine. Godzilla ne s'en sort pas mieux avec ce qui restera le pire look de la série, une sorte de grenouille mutante immonde. A la limite, les dernières images, avec Godzilla et Minilla dans la neige, sont plutôt jolis, mais vraiment c'est pour trouver un bon point, même les bastons sont ridicules.
0/5


Destroy All Monsters (1968) de Inoshiro Honda

Véritable chef d'oeuvre de genre, ce Destroy All Monsters réunit tous les plus grands noms du kaiju eiga, autant à la réalisation du film confiée au quatuor d'origine Honda, Ikufube, Tsuburaya et Tanaka qu'aux protagonistes avec une pléthore de monstres pour ce film à la folie joyeuse et communicative. 
Jamais le genre n'avait connu tel délire visuel sans fioriture, on passera ainsi de scènes de destructions à la SF pure dans une oeuvre qui se veut définitive, à la narration passionnante et sans temps morts, à l'ambiance ultra-soignée, aux musiques cultes travaillées et retravaillées, aux combats jouissifs. 
Toutes les plus grandes villes du monde y passent pour notre plus grand plaisir, le rythme allant crescendo pour se conclure sur une orgie de monstres se foutant sur la gueule. 
Une perle que ce Destroy All Monsters, un plaisir naïf et sans faille qui reste encore aujourd'hui, l'un des meilleurs films de la saga des Godzilla.
5/5


Godzilla's Revenge (1969) de Inoshiro Honda

Année érotique mais film bien destiné à un jeune public, ce Godzilla's Revenge pourtant réalisé par Honda fait peine à voir.
D'une part, Tsuburaya n'a pas pu participer aux effets spéciaux pour cause de maladie, en résulte donc un assemblage assez peu glorieux de stock footages des précédents films (le procédé reviendra régulièrement par la suite, à notre grand malheur), et les images inédites nous présente un nouveau monstre au design affreux, Bagara.
Narrativement, la structure du film est assez ingénieuse, naviguant entre le rêve et la réalité d'un jeune enfant, mais il peine à cacher la faiblesse de son propos. Aussi, le Minilla parlant se révèle encore une fois, assez vite insupportable, tout autant que la bande originale.
En résumé, un film assez mauvais qui bénéficie tout de même de l'expérience d'Honda pour ne pas sombrer dans la médiocrité complète.
1/5


Se faire broyer les couilles, au sens le plus littéral du terme.
Godzilla vs Hedorah (1971) de Yoshimitsu Banno

Nouveau réalisateur et ton moins enfantin pour cet épisode aux ambitions plus sérieuses.
Yoshimitsu Banno introduit donc un nouveau kaiju, Hedorah, métaphore de la pollution envahissante, permettant de réintroduire un message grave et écologique dans la série des Godzilla. Si certains tics de mise en scène semblent douteux avec une ambiance psychédélique bizarre, les combats sont très soignés et étrangement violents, tout comme les scènes centrés sur les personnages humains et ses passages de décomposition.
Le film alterne régulièrement entre passages assez graves et d'autres plutôt décalés, le résultat étant aussi étrange qu'inventif.
4/5


Godzilla vs Gigan (1972) de Jun Fukuda

Retour de Fukuda pour un épisode en dent de scie, qui voit l'arrivée d'un nouveau monstre, le pingouin mutant robot de l'espace : Gigan.
Les passages humains n'ont jamais été le fort de Fukuda, on passera donc très rapidement sur cette histoire d'un mangaka tentant de se faufiler dans le nouveau parc d'attraction dédié à Godzilla, en fait un piège mortel pour ce dernier tendu par des extra-terrestres cafards, avec toujours cette bande-son abominable marque de fabrique du réalisateur. On retiendra tout de même quelques moments assez drôles, et la scène involontairement culte de la mort des aliens-insectes qui parlent.
Les scènes de combat par contre sont véritablement jouissives, malgré les coupes budgétaires empêchant d'utiliser de grandiloquentes maquettes, surtout la dernière qui se révèle étonnement particulièrement violente, Gigan n'hésitant pas à scier notre Big G se mettant à gicler du sang, tandis qu'un King Ghidorah martyrise Anguirus, jusqu'à ce que Godzilla se mette en mode berserk et casse des gueules. Un combat figurant aisément parmi les meilleures bastons de la série.
3/5


AWWWW YEAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
Godzilla vs Megalon (1973) de Jun Fukuda

Reprenant un peu la même recette que son prédécesseur, Fukuda peine ici à intéresser son spectateur par une intrigue poussive et des scènes d'actions atteignant un pic de ridicule pour la série.
Mieux vaut en rigoler, et vite passer au-dessus de l'un des pires épisodes de la saga, intronisant les affreux Megalon et Jet Jaguar.
1/5



Godzilla vs MechaGodzilla 
(1974) de Jun Fukuda


Dernier film de Fukuda sur la série, et pas le meilleur malheureusement.
Ici apparaissent deux nouveaux monstres, d'abord l'attraction principale de cet opus, MechaGodzilla l'une des créatures les plus emblématiques de la série dont les apparitions sont plutôt bien foutues dans l'ensemble, malgré un design de boite de cassoulet. C'est moins glorieux pour King Caesar, que l'on attend durant tout le film et dont les passages sont plutôt ratés, en plus d'avoir l'un des looks les plus laids de la série.
Encore une fois, on passera vite sur les passage humains inintéressants. Le ton reste assez enfantin, mais le spectacle est présent.
2/5


Terror of MechaGodzilla (1975) d'Inoshiro Honda
Yo motherfucker, you came to the wrong neighborhood !

Honda revient pour son dernier épisode, qui se révèle être une belle réussite.
Si le scénario semble de prime abord éculé dans la série, avec l'éternelle invasion extraterrestre, le film prend le parti de se focaliser sur ses personnages, dont une femme-cyborg, pour livrer un très beau message, le film s'apparentant à un sublime drame très humain par moments.
Concernant les scène de monstres, elles sont elles aussi superbe, Honda accentuant le gigantisme des monstres clôturant l'ère showa sur l'un des meilleurs rendus de monstres. Notons le retour pour la première fois depuis le film original de la Godzilla's March. On regrettera un combat de fin assez similaire au précédent, et un nouveau monstre moche et inutile, le Titanosaurus.
4/5



Je te vois ici. Et là aussi.
The Return of Godzilla (1984) de Koji Hashimoto

Après une hibernation d'une dizaine d'année, Godzilla revient dans un film plus sombre et sérieux, prenant le contre-pied des derniers épisodes pour revenir à quelque chose de plus pur, plus proche du mythe crée par le premier film.
L'ambiance s'installe doucement, mais les premières images donnent le ton du film. Ce nouveau Godzilla inspire la peur, redevenu cette parabole de l'arme nucléaire et de la puissance destructrice de l'homme, s'inscrivant de plus parfaitement dans le contexte de la guerre froide.
Hashimoto à la réalisation et Nakano aux effets spéciaux transcrivent l'angoisse de fort belle manière. Le film se déroule majoritairement de nuit, dans une ambiance sombre, pesante, la menace palpable. En résulte des scènes soignées, qu'il s'agisse de celles se concentrant sur les héros du film, sur les politiciens ou sur l'effrayant monstre.
Si certains trouveront que le film prend trop son temps pour mettre en place ses enjeux, souffrant de lenteurs, cela s'inscrit, je pense, dans une volonté de transmettre la peur qu'inspire Godzilla au spectateur. Du reste, l'oeuvre est intelligente et soignée, s'inscrivant comme l'un des meilleurs opus de la saga.
5/5


Godzilla vs Biollante (1989) de Kazuki Omori

Voilà un épisode unique dans la saga des Godzilla. On y retrouve notre grosse bêbête atomique aux prise avec un monstre inédit et particulièrement original : Biollante.
Visuellement très réussi, le film reprend les codes d'antan tout en apportant autant de nouveautés. En résulte une oeuvre hybride, inégale, mais fondatrice pour la saga, peut-être pour le genre.
On retrouve donc une forme très similaire à ce qu'il s'est fait durant de longues années, les longues scènes d'exposition, la mise en place lente de l'intrigue et l'arrivée tardive des kaiju, un scenario semblant être tiré par les cheveux, des tics de caméra et d'actorat typique du genre... Bref, on est en terrain connu. Mais Godzilla vs Biollante marque un véritable renouveau d'ordre visuel, avec enfin des effets spéciaux qui tuent la gueule (pour l'époque j'entends), des maquettes et costumes plus réalistes que jamais, et aussi l'arrivée d'un des designs les plus réussis et les plus connus pour notre Big G. Le nouveau monstre, Biollante n'est lui aussi pas en reste, apparaissant comme l'un des monstres les plus impressionnants et réussis de la saga, et ceux sous ses deux formes.
Mais sur le fond, Godzilla vs Biollante innove d'une bien belle façon, reprenant ainsi cette histoire abracadabrantesque à base de trafic de cellules de Godzilla pour l'amener dans une direction totalement différente et faire respirer son intrigue jusque là bien trop sérieuse et plutôt mal jouée pour convaincre. On retrouve ainsi un message écologique fort, marque des grands opus de la saga, mais surtout se dégage du film une véritable forme de poésie cinématographique (que ne renierait pas Honda tiens), entrecoupant un film s'étouffant dans son sérieux et son classicisme de respirations bienvenues, offrant de très belles scènes dès l'apparition de Biollante et auparavant, quand on suit l'histoire de sa création. De fait, les combats entre Godzilla et Biollante sont bien différents du match de catch habituel et offrent des scènes avec de véritables enjeux et une mise en scène sublime, la première rencontre restant la scène la plus forte et intense du film par sa réussite visuelle et narrative. 
La fin, quand à elle, déçoit quelque peu par sa rapidité et finalement le fait qu'elle soit bien moins impressionnante qu'espéré, mais reste une scène qui marque durablement.
Ce Godzilla vs Biollante, même s'il se perd parfois par son sérieux accablant et ses ratés inhérents au genre, fait parti des films les plus innovants de la saga, et visuellement des plus réussie, grâce aussi à une superbe nouvelle bestiole, Biollante (dommage qu'elle soit finalement plutôt sous-exploitée). Le visage du kaiju eiga des années 1990 et 2000 aurait sans doute été bien différent sans lui.
4/5


ay ll make a bbq wit ur hed, k ? lol
Godzilla vs King Ghidorah (1991) de Kazuki Omori

Suite au semi-four commercial qu'a représenté Godzilla vs Biollante, malgré sa réussite artistique, la Toho décide de rebrousser chemin et demande à son réalisateur Kazuki Omori de réaliser un film plus à même de plaire à un large public, avec l'autorisation de ressusciter l'une des anciennes gloires : King Ghidorah.
Sous de nombreux aspects, le film représente en effet un véritable anti-Godzilla vs Biollante. Exit la poésie naïve, le léger message écologique ou la mise en scène plus intimiste, ici le message est clair : primauté sur l'action brute et la destruction, retour aux valeurs classiques du kaiju eiga avec ses grosses bastons et sa science-fiction un peu absurde. Pour autant, le film se révèle ingénieux dans son entreprise, ne cédant jamais à la facilité et cherchant à rendre hommage aux plaisirs d'antan.
En cela, le film rappelle l'une des plus grandes réussites du genre, Destroy All Monsters d'Honda et sa folie joyeuse et furieuse. S'inscrivant dans la lignée du film le plus culte du genre,Godzilla vs King Ghidorah en reprend tous les codes, les retravaille, les sublime parfois, se casse les dents d'autres fois, mais le même plaisir régressif est là, intact et nous revient à la tronche pour nous faire prendre un plaisir assumé. Mais le film ne se contente pas à réutiliser une vieille recette, il cherche aussi par là à l'étudier, la questionner pour mieux lui rendre justice, naviguant entre deux eaux dangereuses, entre l'hommage au genre et sa propre parodie, sans jamais se noyer dans l'un ou l'autre.
Le film se permet aussi d'offrir l'un des scénarios les plus excitants et extravagants de la saga, même truffé d'incohérences et de non-sens flagrants, à base de retour dans le temps, de manipulation cybernétique et autres qui permettent aussi de faire du film un véritable testament de la science-fiction certes tatonnant, mais ô combien plaisant, grâce à ses nombreuses références palpables qu'elles soient orientales ou occidentales.
Enfin, pour que le film mérite de figurer parmi les meilleurs opus de la saga, il lui fallait des combats dantesques, et c'est exactement ce qu'il nous offre à (seulement) deux reprises entre les deux monstres titres du film, les effets spéciaux franchissant à nouveau un gap visible notamment sur les costumes criants de vie (Godzilla aura rarement été aussi beau qu'effrayant). Et encore une fois, si la baston de fin, impressionnante et plaisante s'il en est grâce à un retour en mode techno-berserk et un gros règlement de compte dans les règles et dans les rues de Tokyo, laissera tout de même sur notre faim, la castagne du milieu, elle, est un véritable moment d'anthologie, en face à face, la violence et la rage des monstres sublimée par une réalisation parfaitement maîtrisée et une photographie superbe, culminant lors d'une séquence folle de strangulation, puis se terminant par une décapitation jouissive.
Ainsi, Godzilla vs King Ghidorah s'illustre comme un film aux envies démesurées, à la réalisation palpitante quoique tangente et imparfaite, mais en résulte une oeuvre instantanément culte.
4/5


Godzilla and Mothra : The Battle for Earth (1992) de Takao Okawara
Toi j'te jure si j'te choppe, j'te fais bouffer tes ailes.

Suite au succès de Godzilla vs King Ghidorah, la Toho decide de continuer à capitaliser sur ses valeurs sûres et engage une série de remake d’épisodes cultes de la saga. Après Ghidrah, c’est alors au tour de Mothra de revenir au cinéma après 25 ans d’absence, projet d’autant plus casse-gueule que le film original reste l’un des meilleurs kaiju eiga de tous les temps. 
Pari réussi pour une œuvre qui s’avère respectueuse de ses racines tout en injectant suffisamment de nouveautés pour captiver le public, au premier rang de celles-ci le très photogénique Battra, pendant maléfique de la mythe féérique qui s’octroie une place de choix. D’ailleurs Godzilla est même relégué au second plan là où les deux sublimes insectes tirent la couverture à eux. Cependant les rares apparitions du dinosaure atomique sont savamment organisées pour retranscrire toute sa puissance, notamment lors du passage du mont Fuji dans la pure tradition de la fureur du monstre. A cela répond des plans sublimes de Mothra (malgré un leger aspect de peluche), tout de grâce et d’élégance, servies par une ambiance et une photographie léchées et sublimes, la sortie du cocon par exemple reste gravé dans ma mémoire. 
Les combats se font rares mais mises sur les enjeux, à défaut d’une action en deçà des précédents opus en misant sur de la bataille de rayons, défaut récurrents des Godzilla de l’ère heisei.  L’intrigue elle, se permet de revisiter de bien belle manière le mythe de Mothra et reste dans un rassurant classicisme maîtrisée, le film étant plutôt court il évite les gros ventres mous et fait constamment avancer son intrigue. 
Les personnages eux, bien que pénibles au début du film dans leur cliché (il faut attendre tout de même une vingtaine de minutes pour que le métrage décolle), se révèlent au final attachants, même si Miki Saegusa reste toujours aussi inutile et qu’il faut composer avec l’insupportable gamine. Enfin, gros point fort du film, la sublime bande-originale, Akira Ikufube signe ici peut-être sa plus belle partition, enchaînant les rythmes entraînants et inquiétants à ceux plus mélancoliques et chantées qui accompagnent à merveille tout le film et contribuent en grande partie à l’ambiance majestueuse qui s’installe. 
Malgré de menus défauts, nous assistons là assurément à l’un des meilleurs opus de la saga.
5/5


Godzilla vs Mechagodzilla II (1993) de Takao Okawara
Jizz in my pants.

Dernier du triptyque de remakes d’épisodes cultes de la saga, ce Godzilla vs Mechagodzilla deuxième du nom mise sur la surenchère. Plus de monstres, plus de bastons, plus d’effets spéciaux, le film nous abreuve de tout ce que l’on cherche d’un spectacle du roi des monstres et s’illustre comme le modèle typique du Godzilla réussi. 
On notera d’ailleurs le retour de MechaGodzilla, ici bien différent de sa précédente incarnation dont le potentiel est visuellement très bien utilisé. On prend plaisir aussi à revoir notre bon vieux Rodan bien que son apparition ne possède que peu de justification dans le scénario, et le nouveau bébé Godzilla bien plus mignon et crédible que l’ignoble Minilla
Mais on en ressort tout de même déçu de l’implication des personnages peu intéressants dans un scénario qui s’attarde un peu trop sur les bons sentiments. Heureusement que le rythme ne démérite pas et que les bastons sont bien branlées, malgré que se confirme un penchant pour les duels de rayons un peu rébarbatifs. 
Au final, on a là un super épisode, convaincant dans son entreprise mais qui se repose peut-être un peu trop sur ses acquis. 
4/5


Godzilla vs SpaceGodzilla (1994) de Kensho Yamashita
Avec l’apparition du premier monstre inédit depuis Battra deux épisodes auparavant, SpaceGodzilla et son super look, on pourrait penser à un épisode de très haute qualité.
Malheureusement il n’en est rien, tant le film enchaîne les poncifs laborieux du genre. 
Le rythme lent, le scénario abyssal et les personnages insupportables nous assaillent d’emblée, les combats rares et lourdingues et les effets spéciaux en deça des standards finissent de nous achever devant ce qui représente un des pires épisodes de la série. 
On retiendra tout de même un climax final marquant la destruction de l’antagoniste-titre plutôt bien géré.
1/5


Godzilla vs Destoroyah (1995) de Takao Okawara

Après l’énorme ascenseur émotionnel que représente Godzilla vs SpaceGodzilla, on embraye directement sur le champ du cygne du roi des monstres avec ce qui représente l’un des épisodes les plus marquants de la série : Godzilla vs Destoroyah
Le film s’ouvre sur l’incroyable destruction de Hong Kong, c’est là où nous découvrons que le cœur atomique de Godzilla est entré en fusion, réactivant sa rage insatiable et menaçant le destin du monde entier (il risque à lui tout seul de faire PETER la planète, sérieux !), cette menace imminente constitue le fil conducteur du film, les personnages concentrant tous leurs efforts pour empêcher cette tragédie. 
Ainsi ce film est probablement celui le plus centré sur le monstre de l’ère heisei, ce qui reste une bonne idée après le désastre du character-centric Godzilla vs SpaceGodzilla
La mort inéluctable de Godzilla n’est un secret pour personne, c’est donc la mise en scène qui doit venir sublimer ses derniers instants et à ce titre, c’est du très beau boulot avec l’un des épisodes les plus agréables à suivre et à regarder avec une très belle photographie rouge-orangée mise en avant par les deux monstres titres, jouant allègrement sur les reflets et effets de lumières émanants de leurs corps. Les effets spéciaux sont admirables, notamment dans les impressionnantes bastons entre les monstres. L’ambiance est elle aussi travaillée, sombre et désespérée, installant une certaine tension et d’ailleurs, super idées aussi de reporter celle-ci, souvent attribuer vers les personnages humains sur les kaiju plus vulnérables mais plus puissants que jamais. 
Enfin, pour sa dernière participation Akira Ikufube livre une partition fidèle à lui-même, avec de belles marches et des musiques mélancoliques. Mention spéciale à la mort de Godzilla, scène sublimement mise en image et en son, véritablement incroyable et peut-être le moment le plus marquant de toute la saga. Seul bémol, les sous-formes de Destoroyah à pisser de rire tout droit issues d’une production Roger Cormann, mais ce sera bouder son plaisir de s’attarder là-dessus.
5/5


Godzilla (1998) de Roland Emmerich
Hé mam'zelle, tu veux pas m'filer ton zéro six ?

Sorti suite à une longue phase de developpement hell, le projet d'un remake américain de Godzilla, confié à Roland Emmerich préfigure le blockbuster des années 2000 : explosion, humour, aspect grisâtre et situations improbables, et se révèle être une véritable déception. 
Passé un générique et une scène d’introduction (l’attaque du paquebot japonais) pour le coup hyper bien branlées, on commence à s’intéresser aux personnages principaux qui sont rapidement insipides et insupportables. Déjà il faut composer avec cela, mais la première partie du film entretient bien le mystère autour du monstre jusqu’à une première attaque, Emmerich jouant de la caméra pour ne pas nous dévoiler entièrement le monstre dans une scène réussie. D’autant plus que, vrai bon point du film, la bande-originale confiée à David Arnold et Michael Lloyd est vraiment bonne. Jusque-là, vous me direz que le film est loin d’être une catastrophe, mais c’est par la suite que le bât blesse. 
On s’ennuie ferme entre chaque apparition du lézard qui lui-même ne parvient plus à faire illusion. En effet, on est loin du Godzilla d’origine, métaphore d’une nature indestructible et vengeresse, ici il s’agit d’un « simple » animal perdu venant assurer sa progéniture, on est moins déçu par son look, très éloigné de l’original mais non moins réussi, que par son comportement et ses apparitions qui sont au final rarement menaçantes, si bien que j’ai toujours du mal à me dire qu’il s’agit d’un remake de Godzilla et pas du Monstre des Temps Perdus (ou alors, c’est un remake de Carnosaur, et là le mauvais film prend tout son sens). 
S’ensuit le passage du nid dans le Madison Square qui est aussi ridicule que moche, les effets spéciaux étaient jusque ici plutôt potables pour une production datant de 1997 (bien que pas au niveau d’un Jurassic Park par exemple), mais alors là c’est facepalm pendant vingt minutes, que ce soit dans la réalisation qui essaie en vain de créer la peur ou les bébés Godzilla ressemblant à de vieux modèles 3D de séries Z. Le final ne parvient pas à sauver les meubles, malgré le fait que Godzilla devient enfin pro-actif dans l’histoire, avant de se faire latter la gueule par une voiture de taxi aidé de trois avions bombardants de missiles. Sérieux, Godzilla meurt à cause de pauvres missiles de merde. Bon la scène de mort est plutôt bien réalisé (enfin, au niveau qualitatif du film quoi), mais quand même quoi. 
Au final un spectacle typique de blockbuster américain qui fait parfois passer de bons moments, mais aussitôt vu, aussitôt oublié, même s’il gardera une certaine place de madeleine de Proust dans mon cœur tant j’ai syphonné la cassette étant petit.
2/5


Godzilla 2000 : Millenium (1999) de Takao Okawara
Yo bro' wassup ?!

Après le catastrophique remake américain qui devait faire naître une franchise avortée, la Toho décide de rebooter la saga avec le très honnête Godzilla 2000 : Millenium
On entre directement dans le vif du sujet avec une très impressionnante scène d’introduction relevant le nouveau look du monstre, plus agressif et reptilien fort réussi. D’ailleurs le traitement de celui-ci se révèle plutôt original puisque le monstre apparaît comme une catastrophe naturelle inarrêtable, au même titre qu’un typhon, un cyclone ou un tremblement de terre, dont le Japon ne peut faire que composer avec, panser ses blessures sans chercher véritablement à l’arrêter. 
Malheureusement, l’intrigue extraterrestre est elle des plus classiques, et le combat final plutôt décevant, malgré une résolution ingénieuse. Les personnages sont à ce titre de simples « chasseurs de Godzilla » (tout comme les chasseurs de tornade) et par leur simplicité sont vite attachants. Au final le principal bémol apparaît sur les effets spéciaux, la Toho décidant d’utiliser plus de CGI, ce qui n’est pas forcément une réussite, là où les scènes en costumes de latex sont très bien réalisées. D’ailleurs, Okawara nous avait habitué à une réalisation et une photographie travaillées, c’est encore du très beau travail qu’il nous livre, sombre et rougeâtre, mettant en valeur Godzilla face au reste. 
Un excellent film quoique inégal, qui remet la série sur de bons rails. 
4/5


Godzilla x Megaguirus (2000) de Masaaki Tezuka
BODY SLAAAAAAAM

La saga est repartie sur son rythme habituel d’un film par an, et un nouveau réalisateur est appelé pour donner la ligne directrice de la saga en cette nouvelle ère dite Millenium : Masaaki Tezuka. Bonne pioche, il insuffle une énergie furieuse à son film et l’émulsion des éléments donne l’un des films les plus réussis de la série. 
Il se permet d’ailleurs de revisiter toute l’histoire de la saga, rajoutant par exemple le nouveau Godzilla a des scènes du premier, bien que le rajout soit visible, on se prend au jeu de cette revisite rafraîchissante de l’histoire du monstre. L’intrigue tourne autour d’un créateur de trou noir, censé pouvoir envoyer le monstre dans les limbes, en réalité le test effectué ouvre un portail vers le crétacé et irradie un insecte qui rapidement va foutre le souk dans tout Tokyo. L’intrigue des personnages humains et sobre et suffisamment réussi pour nous intéresser et sert de tremplin aux événements du film, on note d’ailleurs déjà l’amour de Tezuka pour les personnages féminins forts, qu’il accentuera dans ses prochains films. 
Mais la principale attraction du film reste toutes les scènes de destruction et de bastons, dynamiques et mettant en valeur les monstres, instaurant aussi des enjeux dans une série qui trop souvent en manque cruellement, et le dernier tiers du film est quasiment entièrement consacré à un combat entre Godzilla et Megaguirus, gros plaisir coupable, plein de rebondissements, super bien foutu et avec des touches d’humour bien sentis, s’illustrant probablement comme le meilleur fight 1 vs 1 de la série. La conclusion est elle aussi étonnante, et Godzilla, toujours vu comme une menace, sème véritablement la destruction sur son passage. 
Un super film, dans la lignée du précédent en gommant ses défauts, qui s’illustre comme l’aboutissement de la formule du genre kaiju eiga dans ce qu’il a de plus classique.
5/5


Godzilla, Mothra and King Ghidorah : Giant Monsters All-Out Attack (2001) de Shusuke Kaneko
Derrière ce titre à rallonge rappelant les plus belles heures de l’âge d’or du film de monstres géants, Shusuke Kaneko prend une direction totalement différente du reste de la saga en modifiant les origines de Godzilla et incluant une ambiance de mysticisme, l’entreprise pouvant paraître bancale, mais c’est sans connaître le réalisateur déjà habitué du kaiju eiga puisque réalisateur de la nouvelle trilogie Gamera considérée par beaucoup comme ce que le genre a produit de meilleur. Profitant de son expérience et possédant une véritable vision originale, il produit avec Giant Monsters All-Out Attack ce qui reste sûrement comme l’épisode le plus abouti de la saga. 
Ici Godzilla n’est donc pas un produit des essais nucléaires, renvoyant à la peur de la bombe atomique suite aux catastrophes d’Hiroshima et Nagasaki en 1945, mais garde ses racines de la seconde guerre mondiale en devenant une personnification des victimes du pacifique pendant la guerre de 39-45, souhaitant se venger de l’ancien empire du Japon, ceci se ressentant directement dans son aspect, avec ses yeux livides et son aspect menaçant et démoniaque. Kaneko inssufle donc son propos anti-guerre qui se révèle au final assez complémentaire avec le message que souhaitait faire passer Inoshiro Honda dans le film original. Mais si Godzilla représente l’esprit vengeur dans toute sa malveillance, il fallait pour lui répondre un rooster de monstres à même de lui tenir tête, sans pour autant amoindrir la puissance destructrice de Godzilla. C’est Baragon, King Ghidorah et Mothra qui furent choisis (là où le réalisateur voulait les monstres moins connus et moins puissants Anguirus et Varan), il fallut les amoindrir pour faire ressortir l’aspect monstrueux de Godzilla, Ghidorah devient d’ailleurs un protecteur du Japon et c’est là qu’intervient l’aspect mystique du film, les trois monstres renvoient à une forme altérée des mythes japonais (Ghidorah par exemple fait clairement penser à une version bienveillante d’Orochi le dragon à huit têtes) où il protège le pays de la menace vengeresse que représente Godzilla. Toutes ces idées sont aussi originales que rafraîchissantes, et servent parfaitement le message que souhaite insuffler le réalisateur dans son film. 
Dès l’apparition de Godzilla le ton est donné, le film sera sans concession et les premières apparitions de Godzilla sont brutales et violentes, avec des images fortement connotés comme celle des répercussions du souffle de Godzilla qui provoque un champignon nucléaire visible à des kilomètres. Le film n’épargne personne, les dommages collatéraux sont clairement visibles, les victimes nombreuses, l’ambiance desespérée et il injecte même un certain humour noir. Les effets spéciaux sont d’ailleurs bien géré, utilisés avec parcimonie et toujours impressionnants, malgré quelques passages de rayons s’inspirant des films de l’ère Showa et leur rendu assez statique ne collant pas avec le reste du film qui se veut bien plus impressionnants. 
En ce qui concerne les personnages, on passe par un premier quart de film qui représente le vrai bémol de celui-ci, avec quelques scènes insipides qui cherchent à créer l’humour sans véritablement y parvenir, la dérision est probablement volontaire mais ne marche pas vraiment, heureusement le film rattrape le tir par la suite et si l’intrigue humaine reste très classique, elle n’est au moins pas déplaisante à suivre. Les musiques de Kow Otani sont elles puissantes, bien que parfois légèrement hors de propos (les scènes de destruction de Godzilla auraient méritées des thèmes plus inquiétants, à l’image de ce qui composera plus tard sur le jeu Shadow of the Colossus), bien qu’il se rattrape lui aussi sur la fin avec des partitions plus lourdes voir douces collant bien à l’action. La dernière baston s’accapare quasiment la moitié du métrage et se révèle probablement, avec la mort de Big G dans Godzilla vs Destoroyah, comme LE temps fort de la saga tant elle est grandiloquente, pleine de surprises et sublimement réalisée, Kaneko montre ici tout son art de la réalisation avec une mise en scène dynamique, une photographie jouant très bien sur les contrastes du contexte nocturne et des lumières émanées par la ville et les monstres, et le suit-motion atteint une maîtrise incroyable, couplé à une mise en valeur des monstres par un super usage des angles de caméra, et le climax final nous étonne, allant même jusqu’à montrer le cœur encore battant d’un Godzilla pourtant vaincu, prêt à revenir se venger. 
Malgré quelques errements en début de film, GMK est l’épisode le plus maîtrisé et grandiloquent de la saga, tout en conservant un ton d’auteur et un message fort renvoyant au premier film et aux désastres de la seconde guerre mondiale. Kaneko livre un film toujours entre originalité et respect scrupuleux de la saga et des fans et le résultat représente le sommet du kaiju eiga.
5/5


Godzilla x MechaGodzilla (2002) de Masaaki Tezuka

Après deux incroyables épisodes montrant ce que pouvait produire de meilleur le kaiju eiga dans deux registres pourtant bien différents, il était difficile de prendre la relève, ce que réussit pourtant Masaaki Tezuka, déjà réalisateur de l’excellent Godzilla x Megaguirus dans un film classique et honnête. 
Tout commence avec une nouvelle apparition de Godzilla, dans ce film la première depuis 1954, qui aboutit à la mort d’un certain nombre de militaires à cause d’une faute de jugement de l’héroïne Akane Yashiro. C’est d’ailleurs sur elle que se concentrera le long-métrage, passant par la phase classique de rédemption et de dépassement personnel avant qu’elle ne puisse piloter MechaGodzilla, ici renommé en Kiryu sûrement pour le différencier des précédentes incarnations. Godzilla n’a ainsi qu’un rôle de faire-valoir dans l’intrigue pour valoriser son pendant mécanique, ce qui n’est pas une mauvaise chose tant celui-ci vole la vedette aux autres éléments du film et se révèle fortement photogénique. C’est lui, aux côté de sa pilote, qui est le véritable héros du film, une idée aussi originale que réjouissante tant le mécha est bien mis en valeur. D’ailleurs on notera l’excellente idée d’en faire une réincarnation du Godzilla originel, possédant ainsi sa volonté propre et un charisme hors-norme, aboutissant par exemple à une super scène de perte de contrôle de MechaGodzilla qui se fout en mode berserk, Kiryu se loge immédiatement à une place de choix dans mon petit cœur de fanboy. 
Cependant on regrettera une mise en place trop longue de l’intrigue avant que n’apparaissent véritablement les monstres, et là où le personnage de la jolie Akane est plutôt bien travaillé bien que manquant légèrement de subtilité, on ne pourra pas en dire de même du reste du cast et des personnages plutôt oubliable avec encore une fois une gamine à se coltiner pendant tout le film, et une bande-originale passe-partout. 
Et comme à l’habitude depuis plusieurs épisodes de la saga, la longue bataille finale entre Kiryu et Godzilla reste le meilleur moment du film, les effets numériques étant enfin aboutis et servant parfaitement cette baston montant cressendo dans l’action et étant diablement fun et efficace, Tezuka soignant sa mise en scène pour valoriser les deux monstres détruisant tout sur leur passage. 
Un film classique et réjouissant, qui donne ce qu’il vend.
4/5


Godzilla x Mothra x MechaGodzilla : Tokyo SOS (2003) de Masaaki Tezuka
On attendait avec appréhension le moment où la saga baisserait de nouveau en qualité, et c’est alors qu’arrive la suite directe du film précédent qui s’il est loin d’être une catastrophe, reste beaucoup trop sage pour convaincre pleinement. 
Déjà dès le début du film, on évacue le personnage pourtant intéressant et bien géré d’Akane pour la remplacer par une team de prétendants au poste de pilote de MechaGodzilla tous plus insipides les uns que les autres, et particulièrement le héros du film. Et à l’image du précédent épisode, les personnages humains s’occtroient la majeure partie du film, ce qui n’aide pas franchement à rentrer dedans. 
D’ailleurs, l’intrigue est fortement similaire à son prédécesseur, rajoutant seulement Mothra d’abord comme ennemi puis comme soutien à Kiryu. Là où il plaira aux fans c’est dans ses multiples références aux meilleurs épisodes de l’ère showa et notamment à Mothra vs Godzilla dont il fait presque office de réactualisation, reprenant quasiment à l’identique certaines scènes qui sont souvent les plus réussies du film. 
Malheureusement, on sent un film de commande servant à rassurer plus qu’autre chose, et d’ailleurs les passages de suit-motion sont bizarrement moins réussis qu’auparavant, bien trop lourd pour que l’on puisse entrer pleinement dans l’action, comme lorsque Godzilla cherche les larves de Mothra et met 20 ans à se retourner, même s’il s’agit d’un hommage à la fin de Mothra vs Godzilla reprendre le même rythme ne marche pas dans un film récent où les techniques d’animation des costumes et leur conception est bien plus abouti. 
On retiendra une soundtrack plus réussie que le premier épisode, certains bons passages de bastons de monstres et un joli final marquant la fin d’une ère pour la saga.
3/5


Godzilla : Final Wars (2004) de Ryuhei Kitamura
Nous y voilà, le dernier épisode de la série avant le reboot américain à sortir demain qui s’annonce des plus réjouissants, et pour ce dernier jet la Toho a décidé de débaucher le réalisateur très en vogue à cette époque Ryuhei Kitamura, après son impressionnant Versus, qui cherchera à mélanger le kaiju classique aux versions plus modernes aux films d’actions japonais avec des références occidentales, malheureusement à trop vouloir en mettre, la mayonnaise ne prend pas vraiment. 
Après un recontextualisation des événements, on commence par un générique hyper bien foutu, réactualisant la Godzilla’s March d’Ikufube et passant des scènes parmi les plus marquantes de la saga, on commence à se réjouir à l’idée d’un film chorale qui prendrait ce que la série a de meilleur, malheureusement pendant quasiment une heure de film on s’intéresse aux personnages humains et à l’invasion extraterrestre dans des scènes d’actions et de dialogues apparaissant comme beaucoup trop série B, avec des références de comics et de sentaï mélangés qui ne marchent jamais vraiment, des dialogues vraiment pas naturels, des acteurs qui surjouent un peu trop et un scénario ficelé avec les pieds. 
Le film se perd et s’enlise dans sa propre parodie avant que n’interviennent les monstres et que les réjouissances commencent enfin, car là où les combats humains sont étonnamment ratés pour un réalisateur de film d’action mêlés d’arts martiaux, Kitamura insuffle une vraie dynamique à ses combats de monstres. Certains sont un peu expédiés pour montrer le pouvoir sans limites de Godzilla, d’autres avec des monstres emblématiques jouent avec les codes du genre et s’amusent des films de l’ère Showa comme le match de foot (!) entre Godzilla, Anguirus, Rodan et King Caesar tandis que la fin donne de vraies bastons impressionnantes faisant participer Big G face à un nouveau monstre qui se révèlera être une nouvelle forme plus démoniaque de ce bon vieux Ghidorah, tandis que Mothra affronte un Gigan renouvellé et étonnament super classe, ces combats sont malheureusement trop souvent entrecoupés avec un retour à l’intrigue humaine vraiment pas intéressante et mal foutues contre des extraterrestres ridicules venant directement de Matrix. La bande-son de Keith Emerson est très typée occidentale mais reste en dent de scie, alternant de la bouillie techno à de super thèmes épiques. 
En définitive, un film vraiment trop inégal pour convaincre, malgré de super bastons de monstres malheureusement gachées par… Ben, tout le reste.

2/5

Edit après séance :
Alors le Godzilla de Gareth Edwards est ultra-respectueux de la saga originale, peut-être trop et s'inscrit directement dans sa continuité. Mais les trailers sont un peu mensongers, pour faire une analogie avec l'adaptation de comics on s'attend à un Dark Knight, et on a un Avengers, alors c'est tout aussi bien mais c'est très différent. La mise en scène et la photo sont IN-CRO-YABLES, une vraie putain d'ambiance s'installe et c'est vraiment un film à vivre, on est pendu à son rythme et on se surprend à commenter directement l'action, à jubiler devant les scènes que l'on attend. C'est une vraie expérience à vivre en très grand où tout est bigger than life, malgré un certain classicisme dans l'histoire que l'on oublie vite tant ce Godzilla représente assurément LE blockbuster Alpha.

Maintenant, je vous livre mon classement des films de la saga, et vous donne rendez-vous demain pour la très longue critique du film. Mais une chose est sûre, je me fais ma deuxième séance dès ce week-end.

Classement :
30 – Son of Godzilla (1967) de Jun Fukuda
29 – Godzilla vs Megalon (1973) de Jun Fukuda
28 – Godzilla’s Revenge (1969) d’Insoshiro Honda

27 – Godzilla vs SpaceGodzilla (1994) de Kensho Yamashita
26 – Invasion of Astro-Monster (1965) d’Inoshiro Honda

25 – Godzilla (1998) de Roland Emerich
24 – Ghidrah the Three-Headed Monster (1964) d’Inoshiro Honda
23 – Ebirah : Horror of the Deep (1972) de Jun Fukuda
22 – Godzilla vs Gigan (1972) de Jun Fukuda
21 – Godzilla vs MechaGodzilla (1974) de Jun Fukuda
20 – Godzilla : Final Wars (2004) de Ryuhei Kitamura
19 – King Kong vs Godzilla (1962) d’Inoshiro Honda
18 – Godzilla Raids Again (1955) de Motoyoshi Oda
17 – Godzilla x Mothra x MechaGodzilla : Tokyo SOS (2003) de Masaaki Tezuka
16 – Terror of MechaGodzilla (1975) d’Inoshiro Honda
15 – Godzilla vs Hedorah (1971) de Yoshimitsu Banno
14 – Godzilla vs MechaGodzilla II (1993) de Takao Okawara
13 – Godzilla 2000 : Millenium (1999) de Takao Okawara
12 – Godzilla vs Biollante (1989) de Kazuki Omori
11 – Godzilla vs King Ghidorah (1991) de Kazuki Omori
10 – Godzilla x MechaGodzilla (2002) de Masaaki Tezuka
9 – The Return of Godzilla (1984) de Koji Hashimoto
7 ex aequo – Destroy All Monsters (1968) de Inoshiro Honda et Godzilla x Megaguirus (2000) de Masaaki Tezuka
6 – Godzilla and Mothra : The Battle for Earth (1992) de Takao Okawara
5 – Godzilla, Mothra and King Ghidorah : Giant Monsters All-Out Attack (2001) de Shusuke Kaneko
4 – Godzilla vs Destoroyah (1995) de Takao Okawara
3 – Godzilla (2014) de Gareth Edwards
2 – Mothra vs Godzilla (1964) d'Inoshiro Honda
1 – Godzilla (1954) d'Inoshiro Honda