Deux ans après un reboot plus que correct, Marc Webb revient
derrière la caméra pour nous conter le deuxième chapitre des aventures de
l’Homme-Araignée. Mais après un battage publicitaire tapageur à souhait tant et
si bien que la moitié du film devait être visible dans la quinzaine de trailers (sans dec’, j’ai compté), les
rumeurs de producteurs ayant eu la main mise sur un montage catastrophique et
l’une des plus grandes campagnes d’anti-promotion de la part de la critique de
l’histoire des comic-book movies, qu’en est-il réellement ?
Il faut admettre que j’avais quand même très peur avant
d’aller au cinéma. Déjà j’ai eu la chance de passer à côté de la promotion
vidéo du film, ce qui n’a pas été une tâche facile devant le flot de trailers
balancés par un Sony qui cherche à renflouer les caisses grâce à une grosse
valeur sûre, j’ai pu donc me préserver la surprise quasi-totale du film en
salle, ce qui semble vous en conviendrez être une bonne chose. Mais les retours
de la presse et d’une partie des spectateurs annonçaient un film désastreux et
mercantile, sclérosé par une production toute-puissante qui aurait décidé d’un
horrible final cut servant plus à vendre l’univers étendu et les produits
dérivés en livrant un film aseptisé, d’autant plus qu’il subit une rude
concurrence dans les domaines de l’adaptation super-héroïques et du blockbuster
(Captain America, X-Men, Jupiter Ascending, Guardians, La Planète des Singes, Interstellar, Edge of
Tomorrow et surtout Godzilla…), autant vous dire que j’y allais un peu à reculons, malgré la
confiance dans le travail de Webb illustrant comme personne la comédie romantique
(500 Jours Ensemble) et dont le talent avait déjà servi un premier épisode
surprenant. Grand mal m’a pris, malgré des défauts palpables The Amazing
Spider-Man 2 répond à mes espérances concernant un film sur le tisseur.
D’entrée, on nous sort le grand jeu. Passé une introduction
sur les parents Parker dont on admettra volontiers qu’elle est bien foirée, on
entre dans le vif du sujet : incroyables envolées new-yorkaises bourrées
de bonnes idées pour suivre au mieux les acrobaties de Spider-Man, moments
héroïques en poursuivant un camion d’isotopes volés, plein usage des pouvoirs du héros,
effets spéciaux renversants, humour typique du monte-en-l’air,
recontextualisation des évenements, caractérisation des personnages et
bande-son soignée. En dix minutes, tout y est. Des frissons m’envahissent à
l’idée d’avoir, enfin, l’adaptation rêvée de Spider-Man au cinéma. Et
globalement, la première partie du film, allant jusqu’à la fin de la première
bataille avec Electro suit cette ligne directive et s’avère aussi plaisante que
rafraîchissante. C’est par la suite que le bât blesse, car à force de
gourmandise, on finit par se boucher les artères.
En effet, les sous-intrigues se suivent, s’entremêlent, mais
tardent et peinent souvent à se développer. A terme, on aboutit à un arc final
grandiose, mais la confusion règne sur la deuxième partie du film qui trop
souvent, donne l’exemple de ce qu’est un tunnel explicatif. Certains passages
mériteraient d’être plus développés (la relation triangulaire
Peter/Harry/Spider-Man, les motivations d’Electro), quand d’autres pourraient
tout simplement être enlevés qu’elles ne changeraient rien au film (l’intrigue
des parents, aussi ridicule qu’inutile). C’est là qu’on ressent vraiment le
malaise procuré par un montage maladroit plus dicté par Sony que par le
réalisateur qui a dû subir les décisions venant d’en haut quant au déroulement
que devait avoir son film. Si le scénario, pris indépendamment, est dans son
ensemble plutôt palpitant, son exécution est parfois pénible, d’autant plus quand
on prend certains raccourcis qui auraient pu être évités pour mettre en avant
des éléments dont foncièrement on se branle. Aussi, il semble que Sony a sabré
de bonnes parties de ce qu’avait prévus Webb pour ses personnages, on s’en rend
compte notamment à l’intérieur du film lors de raccord faits à la hache, mais
aussi en dehors quand, à l’instar du premier opus, de nombreuses scènes teasés
dans les trailers, les images promos, ou les interviews sont complètement passé
à la trappe du montage final. Sony prend le modèle de Marvel Studios mais, pris
de peur de la vision qu’insère Webb dans son film, l’atténue et y implante des
éléments pour les suites et spin-off (rappelons que Sinister Six et Venom sont
en développement), voir complètement bricolés pour faire joli (le métro secret
et la séquence des avions, sérieux) laissant par là-même en suspend des
intrigues dont l’équipe du film semblaient pourtant vouloir apporter une conclusion. Il
serait de bon ton de laisser respirer la réalisation du film, d’autant plus que
l’on sent qu’elle cherche à nous amener vers une certaine vision du personnage
et de son univers malheureusement en partie étouffée par un montage trop
hasardeux. Mais malgré cela, les scènes sont souvent très bien réalisées mais
il est parfois difficile d’enlever cette impression qu’il manque des bouts et
qu’on a rafistolé derrière.
Pour autant, le film malgré ses carences de production,
possèdent un paquet de qualités et de bonnes idées qui sauvent son ensemble.
Les scènes d’actions sont véritablement spectaculaires et on prend un plaisir
dingue à les suivre. D’autant plus que le film installe tout de même un certain
nombre d’enjeu et que l’on arrive à s’inquiéter des personnages. Le passage de
Time Square reste l’un des moments forts du film, malgré certains aspects
bancales, mais l’utilisation d’un Electro qui surclasse le héros et le met en
difficulté permet des séquences fortes de doute pour les deux personnages, sublimée par une très belle photographie à l'image du premier opus. Hans
Zimmer à la bande-son se sert de ces scènes pour s’écarter de ses sentiers
battus et instaure un climat original par son utilisation de voix sourdes
permettant de rendre compte de la folie grandissante de l’instable Max Dillon,
et de lourdes sonorités éléctro (ahah) pour rendre compte de la puissance du vilain
éponyme, expérimentant même sur certaines scènes d’actions où la musique répond
directement à ce qu’il se passe à l’écran. Cette performance ne plaira sûrement
pas à tous, moi elle m’a surpris et je la considère comme un atout. La fin du
film permettra un déferlement d’effets visuels sublimés par leur maîtrise sans
faille dans la dernière baston avec Electro, qui sert ensuite de tremplin pour
la vraie conclusion du film avec l’arrivée du Bouffon Vert nouvelle génération et un combat aussi court
que viscéral et intense, aboutissant sur l’une des passages les plus attendus
et pourtant qui arrive à nous surprendre par une gestion sans faille de la
tension régnant sur cette scène, et sa réalisation laisse sans voix. Webb, en
l’espace de quelques secondes, manie avec finesse tout un tas d’émotion et sa
mise en scène se révèle pleinement sur ce passage dont la magnificence et la
tragédie marquera durablement les esprits.
Tout au long nous suivons la romance entre Gwen Stacy et
Peter Parker et malgré les apparences, c’est cette intrigue qui sert de fil
conducteur au récit. Webb peut ainsi injecter tout son savoir-faire pour nous
livrer des instants de fraîcheur bienvenue, respirant la sincérité et l’amour
des protagonistes. En cela ne sont pas étrangers les deux acteurs Andrew
Garfield et Emma Stone qui portent littéralement le film vers des cimes
rarement atteintes par le genre, et c’est là probablement la meilleure idée de
ce The Amazing Spider-Man 2, et ce en quoi il se différencie du reste des films
à grand spectacle, en apportant cette touche de romance parfaitement dosée,
complètement véritable grâce à une maîtrise des dialogues d’orfèvre et une alchimie
entre les personnages. Plus encore, les relations humaines sont véritablement au
cœur du film et c’est cela qui lui donne sa force. Mais pour cela il faut des
acteurs qui permettent d’offrir un jeu tout en nuances, et il faut dire que
Webb sait s’entourer, ainsi qu’une écriture des personnages intelligente qui
permet de leur rendre justice. Garfield s’illustre par là comme l’un des
meilleurs choix d’acteur pour un comic-book movie et incarne parfaitement un
Peter Parker adolescent passant régulièrement de l’insouciance au doute, malgré
quelques passages où il en fait des caisses. Répond le personnage d’Harry
Osborn interprété par un Dane DeHann (Chronicle) magnétique, tout en contraste et en jeu de
manipulation. L’autre méchant, Electro/Max Dillon, laisse le champ libre à un
Jamie Foxx cabotinant à la limite de l’excès, mais ses séquences sont
plaisantes et il devient électrique (ahah) après sa transformation, malgré son
écriture un peu à la serpe. On passera rapidement sur un Paul Giamatti en Rhino
vraiment pas convaincant dans son jeu du plus ridicule vilain de l’histoire.
Enfin Emma Stone joue une Gwen Stacy
parfaite dans son rôle autant de soutien aux héros, que pro-active dans les
événements, nous permettant d’assister à l’évolution subtile de son personnage.
Note finale : 4/5
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