Demain sort le blockbuster événement de l'année, l'enthousiasmant
Godzilla de
Gareth Edwards. Alors que je me fais ma séance dès ce soir, je vous propose de revenir sur l'intégralité de la saga en 29 chroniques, juste avant que vous n'alliez voir le trentième épisode de la plus longue saga de l'histoire du cinéma.
Ces chroniques sont des versions légèrement modifiées de celles que j'écris depuis l'été 2013 sur le forum Buzz Comics.
Enjoy, et rendez-vous dès demain pour la critique complète du reboot américain !
Gojira (1954) d'Inoshiro Honda
Naissance d'une saga, naissance d'un genre, naissance d'une icône de la culture
populaire, ce premier film est aussi et surtout une grande oeuvre
cinématographique.
Le lézard géant s'illustre comme une métaphore nucléaire bénéficiant une
ambiance apocalyptique parfaitement retranscrite pour les moyens d'époque,
rendant la menace crédible. On excusera une certaine naïveté propre à son
temps, et pourtant le ton du film reste très grave et dramatique, avec une
certaine politisation et un propos anti-arme fort. On sent un réalisateur marquée
par les événements d'Hiroshima et Nagasaki notamment grâce aux scènes
illustrant les répercussions du monstre.
D'ailleurs, il arrive à rendre celui-ci réellement effrayant par de nombreux
procédés accentuant le gigantisme et la puissance de Godzilla, offrant un
rendu fabuleux à ses scènes, et se permettant de rester l'un des films les
plus impressionnants de la première ère de la saga. De plus, malgré l'âge du
film, la photo reste encore aujourd'hui sublime, notamment sur les scènes de
nuit primant la suggestion. Le message du film est légitime et marquera
durablement les esprits, tout autant que la musique d'Akira Ikufube.
Un véritable chef d'oeuvre de genre, et un film à voir pour le message qu'il
donne.
5/5
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Godzilla Raids Again (1955)
de Motoyoshi Oda
Ce deuxième opus se révèle être une bonne continuation du premier, avec
l'arrivée d'un nouveau Godzilla qui ravagera le Japon en combattant un
certain Anguirus.
Gardant un certain sous-texte politique et moral, celui-ci se retrouve tout
de même atténué, notamment par une intrigue humaine assez simpliste. Le ton
est moins grave mais reste relativement sérieux dès qu'apparaissent les
monstres, encore une fois représentés avec brio, bien que le montage du
combat soit inégal, certaines accélérations intempestives gâchent la crédibilité
et la visibilité de celui-ci, mais les deux kaiju restent de vrais menaces
effrayantes, et la mort d'Anguirus forte dans la mise en scène.
Du bon et du moins bon pour cette suite qui reste agréable à regarder.
4/5
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King Kong vs Godzilla (1962) d'Inoshiro
Honda
Honda revient aux manettes du lézard pour un film à la portée inaugurative
pour la série. En effet, celui-ci va donner dans les grandes lignes la
direction à suivre pour les films de la saga durant la quinzaine d'années
suivantes.
Déjà, c'est ici qu'apparaît le fameuse Godzilla's Theme, la musique mythique reprise dans tous les films du monstre par la suite. Mais surtout, on
peut voir que le sérieux, la portée politique et le message qui faisaient la
force du premier film sont ici définitivement écartés (du moins pour ce film,
d'autres de la période showa y feront références, comme le film venant juste
après, mais il faudra attendre 1984 pour revoir un Godzilla ayant de nouveau
cette portée thématique au coeur de l'intrigue).
On assiste donc à un film misant sur le fun, l'émerveillement et l'humour et
d'une certaine façon, ce n'est pas si mal que ça. Si le scénario est plutôt
insipide, on se prend à s'attacher un peu aux personnages, et à sourire à de
nombreux moments. Mais surtout, ce qui restera la marque de fabrique de la
série, c'est ses combats de monstres complètement décomplexés qu'inaugure ce
King Kong vs Godzilla.
En cela, on passe un bon moment un peu puéril devant ce film à la mise en
scène soignée, Honda maîtrise bien la réalisation de son film et ne se laisse
pas encore bouffer par le poids de la tâche, même s'il est dommage que le
gros point faible du film soit le nouveau King Kong et son folklore assez
ridicule, loin de la version de 1933. Mais le combat avec le mont Fuji en fond
restera une scène brillante dans sa forme, montrant à quel point cela peut
être fun et décontracté de voir deux géants se foutre sur la gueule, devenant
la principale attraction des films du dinosaure atomique.
3/5
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Godzilla vs Mothra d'Inoshiro
Honda (1964)
Première apparition de Mothra dans la série, et il en résulte le meilleur épisode de l'ère Showa.
Le film bénéficie d'un charme indéniable, l'aspect naïf du folklore
entourant Mothra renforce la féerie inculqué au film donnant un aspect de conte moderne des plus réjouissants. La série retrouve une certaine
morale, certes linéaire mais non moins pertinente, et Godzilla réapparaît enfin comme une vraie menace,
avec des scènes très bien mises en scènes comme le superbe combat entre la mite et le
lézard, la première apparition de Godzilla ou le climax final. Les séquences centrés sur les personnages humains sont elles aussi
plutôt bonnes. Enfin, Akira Ikufube nous offre des thèmes mythiques qui restent parmi les plus belles et incroyables partitions de toute la saga.
Honda réalise donc ici l'un de ses meilleurs films, et peut-être le plus
soigné avec l'original.
5/5
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Ghidrah The Three-Headed Monster d'Inoshiro
Honda (1964)
Godzilla démarre avec cet épisode sa lente descente aux enfers, malgré
l'apparition de l'un des monstres les plus emblématiques de la série : King
Ghidorah.
Le film prend son temps pour s'installer, reléguant les monstres au dernier
tiers du film. Le problème, c'est que le scénario, à base de princesse perdue
et de vague espionnage, se révèle bien fade, autant que les acteurs. Même
Mothra perd toute superbe, en se médiatisant.
Le film décolle dès l'apparition du monstre-titre, qui offrira de belles
scènes de destruction, malheureusement le combat qui viendra clore le film,
opposant le Dragon de l'espace à Godzilla, Rodan et Mothra sera lui en
demi-teinte, à cause d'un ridicule blabla de monstre (!) et d'une partie de
cache-cache derrière les rochers, les bons passages de catch géants ne
sauvant pas l'ensemble.
Godzilla amorce son virage en devenant une créature protégeant la terre, mais
c'est surtout la faiblesse et l'essoufflement du réalisateur qui font perdre
à la franchise de sa grâce.
2/5
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The winner is : GODZILLA !
Invasion of Astro-Monster d'Inoshiro
Honda (1965)
Suite presque directe à Ghidrah, et pourtant, ce film arrive à faire encore moins
bien.
Scénario insipide et effets spécieux en deçà des précédents opus coulent le
film qui pourtant avait du potentiel sur le papier, puisqu'il s'agit de la
première incursion d'extra-terrestres voulant conquérir la Terre.
Encore une fois, les monstres apparaissent bien peu, relégués au second plan
par des personnages inintéressants, et les scènes de baston ne parviennent
pas à sauver le film du naufrage, mal chorégraphiées avec des moments assez
ridicules, dont les fameux sauts de victoire de Godzilla (au moins, j'ai bien
ri).
Honda s'est enlisé dans le mercantilisme de la série, suivant.
1/5
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Ebirah : Horror Of The Deep de Jun
Fukuda (1966)
Premier épisode réalisé par le très controversé Jun Fukuda, qui signera parmi les
pires films de la saga, et pourtant ce premier jet est plutôt pas mauvais !
Outre le scénario assez peu intéressant et la musique irritante au possible
(une constante dans les films de Fukuda...), le film enchaîne les péripéties
à un rythme béton et une réalisation plutôt soignée dans l'ensemble.
Les apparitions de Godzilla sont elles aussi toujours bien orchestrées,
malgré le ridicule involontaire de certaines scènes comme la partie de volley
entre deux monstres, et justement le look assez hideux d'Ebirah... Merde,
c'est une crevette géante quoi.
Une sympathique première virée de Fukuda dans la saga.
3/5
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Son of Godzilla (1967)
de Jun Fukuda
Minilla arrive dans cet épisode à la nullité affligeante.
C'est simple, y a rien à sauver. De l'histoire abrutissante aux effets
spécieux pourris en passant par les jeux d'acteurs minables, c'est mauvais de
bout en bout.
Minilla est tellement moche et affligeant qu'il en fait involontairement de
la peine. Godzilla ne s'en sort pas mieux avec ce qui restera le pire look de
la série, une sorte de grenouille mutante immonde. A la limite, les dernières
images, avec Godzilla et Minilla dans la neige, sont plutôt jolis, mais vraiment
c'est pour trouver un bon point, même les bastons sont ridicules.
0/5
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Destroy All Monsters (1968) de Inoshiro
Honda
Véritable
chef d'oeuvre de genre, ce Destroy All Monsters réunit tous les plus grands
noms du kaiju eiga, autant à la réalisation du film confiée au quatuor
d'origine Honda, Ikufube, Tsuburaya et Tanaka qu'aux protagonistes avec une
pléthore de monstres pour ce film à la folie joyeuse et communicative.
Jamais
le genre n'avait connu tel délire visuel sans fioriture, on passera ainsi de
scènes de destructions à la SF pure dans une oeuvre qui se veut définitive, à
la narration passionnante et sans temps morts, à l'ambiance ultra-soignée, aux
musiques cultes travaillées et retravaillées, aux combats jouissifs.
Toutes
les plus grandes villes du monde y passent pour notre plus grand plaisir, le
rythme allant crescendo pour se conclure sur une orgie de monstres se foutant
sur la gueule.
Une
perle que ce Destroy All Monsters, un plaisir naïf et sans faille qui reste
encore aujourd'hui, l'un des meilleurs films de la saga des Godzilla.
5/5
Godzilla's Revenge (1969)
de Inoshiro Honda
Année érotique mais film bien destiné à un jeune public, ce Godzilla's Revenge
pourtant réalisé par Honda fait peine à voir.
D'une part, Tsuburaya n'a pas pu participer aux effets spéciaux pour cause de
maladie, en résulte donc un assemblage assez peu glorieux de stock footages des
précédents films (le procédé reviendra régulièrement par la suite, à notre
grand malheur), et les images inédites nous présente un nouveau monstre au
design affreux, Bagara.
Narrativement, la structure du film est assez ingénieuse, naviguant entre le
rêve et la réalité d'un jeune enfant, mais il peine à cacher la faiblesse de
son propos. Aussi, le Minilla parlant se révèle encore une fois, assez vite
insupportable, tout autant que la bande originale.
En résumé, un film assez mauvais qui bénéficie tout de même de l'expérience
d'Honda pour ne pas sombrer dans la médiocrité complète.
1/5
Se faire broyer les couilles, au sens le plus littéral du terme.
Godzilla vs Hedorah (1971)
de Yoshimitsu Banno
Nouveau réalisateur et ton moins enfantin pour cet épisode aux ambitions plus
sérieuses.
Yoshimitsu Banno introduit donc un nouveau kaiju, Hedorah, métaphore de la pollution
envahissante, permettant de réintroduire un message grave et écologique dans la
série des Godzilla. Si certains tics de mise en scène semblent douteux avec une
ambiance psychédélique bizarre, les combats sont très soignés et étrangement
violents, tout comme les scènes centrés sur les personnages humains et ses
passages de décomposition.
Le film alterne régulièrement entre passages assez graves et d'autres plutôt
décalés, le résultat étant aussi étrange qu'inventif.
4/5
Godzilla vs Gigan (1972) de Jun
Fukuda
Retour
de Fukuda pour un épisode en dent de scie, qui voit l'arrivée d'un nouveau
monstre, le pingouin mutant robot de l'espace : Gigan.
Les
passages humains n'ont jamais été le fort de Fukuda, on passera donc très
rapidement sur cette histoire d'un mangaka tentant de se faufiler dans le
nouveau parc d'attraction dédié à Godzilla, en fait un piège mortel pour ce
dernier tendu par des extra-terrestres cafards, avec toujours cette bande-son
abominable marque de fabrique du réalisateur. On retiendra tout de même
quelques moments assez drôles, et la scène involontairement culte de la mort
des aliens-insectes qui parlent.
Les
scènes de combat par contre sont véritablement jouissives, malgré les coupes
budgétaires empêchant d'utiliser de grandiloquentes maquettes, surtout la
dernière qui se révèle étonnement particulièrement violente, Gigan n'hésitant
pas à scier notre Big G se mettant à gicler du sang, tandis qu'un King Ghidorah
martyrise Anguirus, jusqu'à ce que Godzilla se mette en mode berserk et casse
des gueules. Un combat figurant aisément parmi les meilleures bastons de la
série.
3/5
AWWWW YEAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
Godzilla vs Megalon (1973)
de Jun Fukuda
Reprenant un peu la même recette que son prédécesseur, Fukuda peine ici à
intéresser son spectateur par une intrigue poussive et des scènes d'actions
atteignant un pic de ridicule pour la série.
Mieux vaut en rigoler, et vite passer au-dessus de l'un des pires épisodes de
la saga, intronisant les affreux Megalon et Jet Jaguar.
1/5
Godzilla vs MechaGodzilla (1974) de Jun Fukuda
Dernier
film de Fukuda sur la série, et pas le meilleur malheureusement.
Ici
apparaissent deux nouveaux monstres, d'abord l'attraction principale de cet
opus, MechaGodzilla l'une des créatures les plus emblématiques de la série
dont les apparitions sont plutôt bien foutues dans l'ensemble, malgré un design
de boite de cassoulet. C'est moins glorieux pour King Caesar, que l'on attend
durant tout le film et dont les passages sont plutôt ratés, en plus d'avoir
l'un des looks les plus laids de la série.
Encore
une fois, on passera vite sur les passage humains inintéressants. Le ton reste
assez enfantin, mais le spectacle est présent.
2/5
Terror of MechaGodzilla (1975)
d'Inoshiro Honda
Yo motherfucker, you came to the wrong neighborhood !
Honda revient pour
son dernier épisode, qui se révèle être une belle réussite.
Si le
scénario semble de prime abord éculé dans la série, avec l'éternelle invasion
extraterrestre, le film prend le parti de se focaliser sur ses personnages,
dont une femme-cyborg, pour livrer un très beau message, le film s'apparentant
à un sublime drame très humain par moments.
Concernant
les scène de monstres, elles sont elles aussi superbe, Honda accentuant le
gigantisme des monstres clôturant l'ère showa sur l'un des meilleurs rendus de
monstres. Notons le retour pour la première fois depuis le film original de la Godzilla's March. On regrettera un combat de fin assez similaire au précédent,
et un nouveau monstre moche et inutile, le Titanosaurus.
4/5
Je te vois ici. Et là aussi.
The Return of Godzilla (1984)
de Koji Hashimoto
Après une hibernation d'une dizaine d'année, Godzilla revient dans un film
plus sombre et sérieux, prenant le contre-pied des derniers épisodes pour
revenir à quelque chose de plus pur, plus proche du mythe crée par le premier
film.
L'ambiance s'installe doucement, mais les premières images donnent le ton du
film. Ce nouveau Godzilla inspire la peur, redevenu cette parabole de l'arme
nucléaire et de la puissance destructrice de l'homme, s'inscrivant de plus
parfaitement dans le contexte de la guerre froide.
Hashimoto à la réalisation et Nakano aux effets spéciaux transcrivent
l'angoisse de fort belle manière. Le film se déroule majoritairement de nuit,
dans une ambiance sombre, pesante, la menace palpable. En résulte des scènes
soignées, qu'il s'agisse de celles se concentrant sur les héros du film, sur
les politiciens ou sur l'effrayant monstre.
Si certains trouveront que le film prend trop son temps pour mettre en place
ses enjeux, souffrant de lenteurs, cela s'inscrit, je pense, dans une volonté
de transmettre la peur qu'inspire Godzilla au spectateur. Du reste, l'oeuvre
est intelligente et soignée, s'inscrivant comme l'un des meilleurs opus de la
saga.
5/5
Godzilla vs
Biollante (1989) de Kazuki Omori
Voilà un épisode
unique dans la saga des Godzilla. On y retrouve notre grosse bêbête atomique
aux prise avec un monstre inédit et particulièrement original : Biollante.
Visuellement
très réussi, le film reprend les codes d'antan tout en apportant autant de
nouveautés. En résulte une oeuvre hybride, inégale, mais fondatrice pour la
saga, peut-être pour le genre.
On
retrouve donc une forme très similaire à ce qu'il s'est fait durant de longues
années, les longues scènes d'exposition, la mise en place lente de l'intrigue
et l'arrivée tardive des kaiju, un scenario semblant être tiré par les cheveux,
des tics de caméra et d'actorat typique du genre... Bref, on est en terrain
connu. Mais Godzilla vs Biollante marque un véritable renouveau d'ordre
visuel, avec enfin des effets spéciaux qui tuent la gueule (pour l'époque
j'entends), des maquettes et costumes plus réalistes que jamais, et aussi
l'arrivée d'un des designs les plus réussis et les plus connus pour notre Big
G. Le nouveau monstre, Biollante n'est lui aussi pas en reste, apparaissant
comme l'un des monstres les plus impressionnants et réussis de la saga, et ceux
sous ses deux formes.
Mais
sur le fond, Godzilla vs Biollante innove d'une bien belle façon, reprenant ainsi
cette histoire abracadabrantesque à base de trafic de cellules de Godzilla
pour l'amener dans une direction totalement différente et faire respirer son
intrigue jusque là bien trop sérieuse et plutôt mal jouée pour convaincre. On
retrouve ainsi un message écologique fort, marque des grands opus de la saga,
mais surtout se dégage du film une véritable forme de poésie cinématographique
(que ne renierait pas Honda tiens), entrecoupant un film s'étouffant dans son
sérieux et son classicisme de respirations bienvenues, offrant de très belles
scènes dès l'apparition de Biollante et auparavant, quand on suit l'histoire de
sa création. De fait, les combats entre Godzilla et Biollante sont bien
différents du match de catch habituel et offrent des scènes avec de véritables
enjeux et une mise en scène sublime, la première rencontre restant la scène la
plus forte et intense du film par sa réussite visuelle et narrative.
La fin,
quand à elle, déçoit quelque peu par sa rapidité et finalement le fait qu'elle
soit bien moins impressionnante qu'espéré, mais reste une scène qui marque
durablement.
Ce Godzilla
vs Biollante, même s'il se perd
parfois par son sérieux accablant et ses ratés inhérents au genre, fait parti
des films les plus innovants de la saga, et visuellement des plus réussie,
grâce aussi à une superbe nouvelle bestiole, Biollante (dommage qu'elle soit
finalement plutôt sous-exploitée). Le visage du kaiju eiga des années 1990 et
2000 aurait sans doute été bien différent sans lui.
4/5
ay ll make a bbq wit ur hed, k ? lol
Godzilla vs King Ghidorah (1991) de Kazuki Omori
Suite
au semi-four commercial qu'a représenté Godzilla vs Biollante, malgré sa réussite artistique, la Toho décide de rebrousser
chemin et demande à son réalisateur Kazuki Omori de réaliser un film plus à
même de plaire à un large public, avec l'autorisation de ressusciter l'une des
anciennes gloires : King Ghidorah.
Sous
de nombreux aspects, le film représente en effet un véritable anti-Godzilla vs Biollante. Exit la poésie naïve, le léger message écologique ou la
mise en scène plus intimiste, ici le message est clair : primauté sur l'action
brute et la destruction, retour aux valeurs classiques du kaiju eiga avec ses
grosses bastons et sa science-fiction un peu absurde. Pour autant, le film se
révèle ingénieux dans son entreprise, ne cédant jamais à la facilité et
cherchant à rendre hommage aux plaisirs d'antan.
En
cela, le film rappelle l'une des plus grandes réussites du genre, Destroy
All Monsters d'Honda et sa folie joyeuse et furieuse.
S'inscrivant dans la lignée du film le plus culte du genre,Godzilla vs King Ghidorah en
reprend tous les codes, les retravaille, les sublime parfois, se casse les
dents d'autres fois, mais le même plaisir régressif est là, intact et nous
revient à la tronche pour nous faire prendre un plaisir assumé. Mais le film ne
se contente pas à réutiliser une vieille recette, il cherche aussi par là à
l'étudier, la questionner pour mieux lui rendre justice, naviguant entre deux
eaux dangereuses, entre l'hommage au genre et sa propre parodie, sans jamais se
noyer dans l'un ou l'autre.
Le
film se permet aussi d'offrir l'un des scénarios les plus excitants et extravagants
de la saga, même truffé d'incohérences et de non-sens flagrants, à base de
retour dans le temps, de manipulation cybernétique et autres qui permettent
aussi de faire du film un véritable testament de la science-fiction certes
tatonnant, mais ô combien plaisant, grâce à ses nombreuses références palpables
qu'elles soient orientales ou occidentales.
Enfin,
pour que le film mérite de figurer parmi les meilleurs opus de la saga, il lui
fallait des combats dantesques, et c'est exactement ce qu'il nous offre à
(seulement) deux reprises entre les deux monstres titres du film, les effets
spéciaux franchissant à nouveau un gap visible notamment sur les costumes
criants de vie (Godzilla aura rarement été aussi beau qu'effrayant). Et encore
une fois, si la baston de fin, impressionnante et plaisante s'il en est grâce à
un retour en mode techno-berserk et un gros règlement de compte dans les règles
et dans les rues de Tokyo, laissera tout de même sur notre faim, la castagne du
milieu, elle, est un véritable moment d'anthologie, en face à face, la violence
et la rage des monstres sublimée par une réalisation parfaitement maîtrisée et
une photographie superbe, culminant lors d'une séquence folle de strangulation,
puis se terminant par une décapitation jouissive.
Ainsi, Godzilla
vs King Ghidorah s'illustre comme un film aux envies démesurées,
à la réalisation palpitante quoique tangente et imparfaite, mais en résulte une
oeuvre instantanément culte.
4/5
Godzilla and Mothra : The Battle for
Earth (1992) de Takao Okawara
Toi j'te jure si j'te choppe, j'te fais bouffer tes ailes.
Suite
au succès de Godzilla vs King Ghidorah, la Toho decide de continuer à
capitaliser sur ses valeurs sûres et engage une série de remake d’épisodes
cultes de la saga. Après Ghidrah, c’est alors au tour de Mothra de revenir au
cinéma après 25 ans d’absence, projet d’autant plus casse-gueule que le film
original reste l’un des meilleurs kaiju eiga de tous les temps.
Pari réussi
pour une œuvre qui s’avère respectueuse de ses racines tout en injectant
suffisamment de nouveautés pour captiver le public, au premier rang de
celles-ci le très photogénique Battra, pendant maléfique de la mythe féérique
qui s’octroie une place de choix. D’ailleurs Godzilla est même relégué au
second plan là où les deux sublimes insectes tirent la couverture à eux.
Cependant les rares apparitions du dinosaure atomique sont savamment organisées
pour retranscrire toute sa puissance, notamment lors du passage du mont Fuji
dans la pure tradition de la fureur du monstre. A cela répond des plans
sublimes de Mothra (malgré un leger aspect de peluche), tout de grâce et
d’élégance, servies par une ambiance et une photographie léchées et sublimes,
la sortie du cocon par exemple reste gravé dans ma mémoire.
Les combats se font
rares mais mises sur les enjeux, à défaut d’une action en deçà des précédents
opus en misant sur de la bataille de rayons, défaut récurrents des Godzilla de
l’ère heisei. L’intrigue elle, se permet
de revisiter de bien belle manière le mythe de Mothra et reste dans un rassurant classicisme maîtrisée, le film étant plutôt court il évite les gros
ventres mous et fait constamment avancer son intrigue.
Les personnages eux,
bien que pénibles au début du film dans leur cliché (il faut attendre tout de
même une vingtaine de minutes pour que le métrage décolle), se révèlent au
final attachants, même si Miki Saegusa reste toujours aussi inutile et qu’il faut
composer avec l’insupportable gamine. Enfin, gros point fort du film, la
sublime bande-originale, Akira Ikufube signe ici peut-être sa plus belle
partition, enchaînant les rythmes entraînants et inquiétants à ceux plus
mélancoliques et chantées qui accompagnent à merveille tout le film et contribuent
en grande partie à l’ambiance majestueuse qui s’installe.
Malgré de menus
défauts, nous assistons là assurément à l’un des meilleurs opus de la saga.
5/5
Godzilla
vs Mechagodzilla II (1993) de Takao Okawara
Jizz in my pants.
Dernier
du triptyque de remakes d’épisodes cultes de la saga, ce Godzilla vs
Mechagodzilla deuxième du nom mise sur la surenchère. Plus de monstres, plus de
bastons, plus d’effets spéciaux, le film nous abreuve de tout ce que l’on
cherche d’un spectacle du roi des monstres et s’illustre comme le modèle
typique du Godzilla réussi.
On notera d’ailleurs le retour de MechaGodzilla,
ici bien différent de sa précédente incarnation dont le potentiel est
visuellement très bien utilisé. On prend plaisir aussi à revoir notre bon vieux
Rodan bien que son apparition ne possède que peu de justification dans le
scénario, et le nouveau bébé Godzilla bien plus mignon et crédible que
l’ignoble Minilla.
Mais on en ressort tout de même déçu de l’implication des
personnages peu intéressants dans un scénario qui s’attarde un peu trop sur les
bons sentiments. Heureusement que le rythme ne démérite pas et que les bastons
sont bien branlées, malgré que se confirme un penchant pour les duels de rayons
un peu rébarbatifs.
Au final, on a là un super épisode, convaincant dans son
entreprise mais qui se repose peut-être un peu trop sur ses acquis.
4/5
Godzilla
vs SpaceGodzilla (1994) de Kensho Yamashita
Avec
l’apparition du premier monstre inédit depuis Battra deux épisodes auparavant,
SpaceGodzilla et son super look, on pourrait penser à un épisode de très haute
qualité.
Malheureusement il n’en est rien, tant le film enchaîne les poncifs
laborieux du genre.
Le rythme lent, le scénario abyssal et les personnages
insupportables nous assaillent d’emblée, les combats rares et lourdingues et
les effets spéciaux en deça des standards finissent de nous achever devant ce
qui représente un des pires épisodes de la série.
On retiendra tout de même un
climax final marquant la destruction de l’antagoniste-titre plutôt bien géré.
1/5
Godzilla
vs Destoroyah (1995) de Takao Okawara
Après
l’énorme ascenseur émotionnel que représente Godzilla vs SpaceGodzilla, on
embraye directement sur le champ du cygne du roi des monstres avec ce qui
représente l’un des épisodes les plus marquants de la série : Godzilla vs
Destoroyah.
Le film s’ouvre sur l’incroyable destruction de Hong Kong, c’est là
où nous découvrons que le cœur atomique de Godzilla est entré en fusion,
réactivant sa rage insatiable et menaçant le destin du monde entier (il risque
à lui tout seul de faire PETER la planète, sérieux !), cette menace
imminente constitue le fil conducteur du film, les personnages concentrant tous
leurs efforts pour empêcher cette tragédie.
Ainsi ce film est probablement
celui le plus centré sur le monstre de l’ère heisei, ce qui reste une bonne
idée après le désastre du character-centric Godzilla vs SpaceGodzilla.
La mort
inéluctable de Godzilla n’est un secret pour personne, c’est donc la mise en
scène qui doit venir sublimer ses derniers instants et à ce titre, c’est du
très beau boulot avec l’un des épisodes les plus agréables à suivre et à
regarder avec une très belle photographie rouge-orangée mise en avant par les
deux monstres titres, jouant allègrement sur les reflets et effets de lumières
émanants de leurs corps. Les effets spéciaux sont admirables, notamment dans
les impressionnantes bastons entre les monstres. L’ambiance est elle aussi
travaillée, sombre et désespérée, installant une certaine tension et
d’ailleurs, super idées aussi de reporter celle-ci, souvent attribuer vers les
personnages humains sur les kaiju plus vulnérables mais plus puissants que
jamais.
Enfin, pour sa dernière participation Akira Ikufube livre une partition
fidèle à lui-même, avec de belles marches et des musiques mélancoliques. Mention
spéciale à la mort de Godzilla, scène sublimement mise en image et en son,
véritablement incroyable et peut-être le moment le plus marquant de toute la
saga. Seul bémol, les sous-formes de Destoroyah à pisser de rire tout droit
issues d’une production Roger Cormann, mais ce sera bouder son plaisir de
s’attarder là-dessus.
5/5
Godzilla
(1998) de Roland Emmerich
Hé mam'zelle, tu veux pas m'filer ton zéro six ?
Sorti
suite à une longue phase de developpement hell, le projet d'un remake américain de Godzilla, confié à Roland
Emmerich préfigure le blockbuster des années 2000 : explosion, humour, aspect
grisâtre et situations improbables, et se révèle être une véritable déception.
Passé un générique et une scène d’introduction (l’attaque du paquebot japonais)
pour le coup hyper bien branlées, on commence à s’intéresser aux personnages
principaux qui sont rapidement insipides et insupportables. Déjà il faut
composer avec cela, mais la première partie du film entretient bien le mystère
autour du monstre jusqu’à une première attaque, Emmerich jouant de la caméra
pour ne pas nous dévoiler entièrement le monstre dans une scène réussie.
D’autant plus que, vrai bon point du film, la bande-originale confiée à David
Arnold et Michael Lloyd est vraiment bonne. Jusque-là, vous me direz que le
film est loin d’être une catastrophe, mais c’est par la suite que le bât
blesse.
On s’ennuie ferme entre chaque apparition du lézard qui lui-même ne
parvient plus à faire illusion. En effet, on est loin du Godzilla d’origine,
métaphore d’une nature indestructible et vengeresse, ici il s’agit d’un
« simple » animal perdu venant assurer sa progéniture, on est moins
déçu par son look, très éloigné de l’original mais non moins réussi, que par
son comportement et ses apparitions qui sont au final rarement menaçantes, si
bien que j’ai toujours du mal à me dire qu’il s’agit d’un remake de Godzilla et
pas du Monstre des Temps Perdus (ou alors, c’est un remake de Carnosaur, et là
le mauvais film prend tout son sens).
S’ensuit le passage du nid dans le
Madison Square qui est aussi ridicule que moche, les effets spéciaux étaient jusque
ici plutôt potables pour une production datant de 1997 (bien que pas au niveau
d’un Jurassic Park par exemple), mais alors là c’est facepalm pendant vingt
minutes, que ce soit dans la réalisation qui essaie en vain de créer la peur ou
les bébés Godzilla ressemblant à de vieux modèles 3D de séries Z. Le final ne
parvient pas à sauver les meubles, malgré le fait que Godzilla devient enfin
pro-actif dans l’histoire, avant de se faire latter la gueule par une voiture
de taxi aidé de trois avions bombardants de missiles. Sérieux, Godzilla meurt à
cause de pauvres missiles de merde. Bon la scène de mort est plutôt bien
réalisé (enfin, au niveau qualitatif du film quoi), mais quand même quoi.
Au
final un spectacle typique de blockbuster américain qui fait parfois passer de
bons moments, mais aussitôt vu, aussitôt oublié, même s’il gardera une certaine
place de madeleine de Proust dans mon cœur tant j’ai syphonné la cassette étant
petit.
2/5
Godzilla
2000 : Millenium (1999) de Takao Okawara
Yo bro' wassup ?!
Après
le catastrophique remake américain qui devait faire naître une franchise
avortée, la Toho décide de rebooter la saga avec le très honnête Godzilla
2000 : Millenium.
On entre directement dans le vif du sujet avec une très
impressionnante scène d’introduction relevant le nouveau look du monstre, plus
agressif et reptilien fort réussi. D’ailleurs le traitement de celui-ci se
révèle plutôt original puisque le monstre apparaît comme une catastrophe
naturelle inarrêtable, au même titre qu’un typhon, un cyclone ou un tremblement
de terre, dont le Japon ne peut faire que composer avec, panser ses blessures
sans chercher véritablement à l’arrêter.
Malheureusement, l’intrigue
extraterrestre est elle des plus classiques, et le combat final plutôt
décevant, malgré une résolution ingénieuse. Les personnages sont à ce titre de
simples « chasseurs de Godzilla » (tout comme les chasseurs de
tornade) et par leur simplicité sont vite attachants. Au final le principal
bémol apparaît sur les effets spéciaux, la Toho décidant d’utiliser plus de
CGI, ce qui n’est pas forcément une réussite, là où les scènes en costumes de
latex sont très bien réalisées. D’ailleurs, Okawara nous avait habitué à une
réalisation et une photographie travaillées, c’est encore du très beau travail
qu’il nous livre, sombre et rougeâtre, mettant en valeur Godzilla face au
reste.
Un excellent film quoique inégal, qui remet la série sur de bons rails.
4/5
Godzilla
x Megaguirus (2000) de Masaaki Tezuka
BODY SLAAAAAAAM
La
saga est repartie sur son rythme habituel d’un film par an, et un nouveau
réalisateur est appelé pour donner la ligne directrice de la saga en cette
nouvelle ère dite Millenium : Masaaki Tezuka. Bonne pioche, il insuffle une énergie furieuse à
son film et l’émulsion des éléments donne l’un des films les plus réussis de la
série.
Il se permet d’ailleurs de revisiter toute l’histoire de la saga,
rajoutant par exemple le nouveau Godzilla a des scènes du premier, bien que le
rajout soit visible, on se prend au jeu de cette revisite rafraîchissante de
l’histoire du monstre. L’intrigue tourne autour d’un créateur de trou noir,
censé pouvoir envoyer le monstre dans les limbes, en réalité le test effectué
ouvre un portail vers le crétacé et irradie un insecte qui rapidement va foutre
le souk dans tout Tokyo. L’intrigue des personnages humains et sobre et
suffisamment réussi pour nous intéresser et sert de tremplin aux événements du
film, on note d’ailleurs déjà l’amour de Tezuka pour les personnages féminins
forts, qu’il accentuera dans ses prochains films.
Mais la principale attraction
du film reste toutes les scènes de destruction et de bastons, dynamiques et
mettant en valeur les monstres, instaurant aussi des enjeux dans une série qui
trop souvent en manque cruellement, et le dernier tiers du film est quasiment
entièrement consacré à un combat entre Godzilla et Megaguirus, gros plaisir
coupable, plein de rebondissements, super bien foutu et avec des touches
d’humour bien sentis, s’illustrant probablement comme le meilleur fight 1 vs 1
de la série. La conclusion est elle aussi étonnante, et Godzilla, toujours vu
comme une menace, sème véritablement la destruction sur son passage.
Un super
film, dans la lignée du précédent en gommant ses défauts, qui s’illustre comme
l’aboutissement de la formule du genre kaiju eiga dans ce qu’il a de plus classique.
5/5
Godzilla, Mothra and King Ghidorah :
Giant Monsters All-Out Attack (2001) de Shusuke Kaneko
Derrière
ce titre à rallonge rappelant les plus belles heures de l’âge d’or du film de
monstres géants, Shusuke Kaneko prend une direction totalement différente du
reste de la saga en modifiant les origines de Godzilla et incluant une ambiance
de mysticisme, l’entreprise pouvant paraître bancale, mais c’est sans connaître
le réalisateur déjà habitué du kaiju eiga puisque réalisateur de la nouvelle
trilogie Gamera considérée par beaucoup comme ce que le genre a produit de
meilleur. Profitant de son expérience et possédant une véritable vision
originale, il produit avec Giant Monsters All-Out Attack ce qui reste sûrement
comme l’épisode le plus abouti de la saga.
Ici Godzilla n’est donc pas un
produit des essais nucléaires, renvoyant à la peur de la bombe atomique suite
aux catastrophes d’Hiroshima et Nagasaki en 1945, mais garde ses racines de la
seconde guerre mondiale en devenant une personnification des victimes du
pacifique pendant la guerre de 39-45, souhaitant se venger de l’ancien empire
du Japon, ceci se ressentant directement dans son aspect, avec ses yeux livides
et son aspect menaçant et démoniaque. Kaneko inssufle donc son propos
anti-guerre qui se révèle au final assez complémentaire avec le message que
souhaitait faire passer Inoshiro Honda dans le film original. Mais si Godzilla
représente l’esprit vengeur dans toute sa malveillance, il fallait pour lui
répondre un rooster de monstres à même de lui tenir tête, sans pour autant
amoindrir la puissance destructrice de Godzilla. C’est Baragon, King Ghidorah
et Mothra qui furent choisis (là où le réalisateur voulait les monstres moins
connus et moins puissants Anguirus et Varan), il fallut les amoindrir pour
faire ressortir l’aspect monstrueux de Godzilla, Ghidorah devient d’ailleurs un
protecteur du Japon et c’est là qu’intervient l’aspect mystique du film, les
trois monstres renvoient à une forme altérée des mythes japonais (Ghidorah par
exemple fait clairement penser à une version bienveillante d’Orochi le dragon à
huit têtes) où il protège le pays de la menace vengeresse que représente
Godzilla. Toutes ces idées sont aussi originales que rafraîchissantes, et
servent parfaitement le message que souhaite insuffler le réalisateur dans son
film.
Dès l’apparition de Godzilla le ton est donné, le film sera sans
concession et les premières apparitions de Godzilla sont brutales et violentes,
avec des images fortement connotés comme celle des répercussions du souffle de
Godzilla qui provoque un champignon nucléaire visible à des kilomètres. Le film
n’épargne personne, les dommages collatéraux sont clairement visibles, les
victimes nombreuses, l’ambiance desespérée et il injecte même un certain humour
noir. Les effets spéciaux sont d’ailleurs bien géré, utilisés avec parcimonie
et toujours impressionnants, malgré quelques passages de rayons s’inspirant des
films de l’ère Showa et leur rendu assez statique ne collant pas avec le reste
du film qui se veut bien plus impressionnants.
En ce qui concerne les
personnages, on passe par un premier quart de film qui représente le vrai bémol
de celui-ci, avec quelques scènes insipides qui cherchent à créer l’humour sans
véritablement y parvenir, la dérision est probablement volontaire mais ne
marche pas vraiment, heureusement le film rattrape le tir par la suite et si
l’intrigue humaine reste très classique, elle n’est au moins pas déplaisante à
suivre. Les musiques de Kow Otani sont elles puissantes, bien que parfois légèrement
hors de propos (les scènes de destruction de Godzilla auraient méritées des
thèmes plus inquiétants, à l’image de ce qui composera plus tard sur le jeu
Shadow of the Colossus), bien qu’il se rattrape lui aussi sur la fin avec des
partitions plus lourdes voir douces collant bien à l’action. La dernière baston
s’accapare quasiment la moitié du métrage et se révèle probablement, avec la
mort de Big G dans Godzilla vs Destoroyah, comme LE temps fort de la saga tant
elle est grandiloquente, pleine de surprises et sublimement réalisée, Kaneko
montre ici tout son art de la réalisation avec une mise en scène dynamique, une
photographie jouant très bien sur les contrastes du contexte nocturne et des
lumières émanées par la ville et les monstres, et le suit-motion atteint une
maîtrise incroyable, couplé à une mise en valeur des monstres par un super
usage des angles de caméra, et le climax final nous étonne, allant même jusqu’à
montrer le cœur encore battant d’un Godzilla pourtant vaincu, prêt à revenir se
venger.
Malgré quelques errements en début de film, GMK est l’épisode le plus
maîtrisé et grandiloquent de la saga, tout en conservant un ton d’auteur et un
message fort renvoyant au premier film et aux désastres de la seconde guerre
mondiale. Kaneko livre un film toujours entre originalité et respect scrupuleux
de la saga et des fans et le résultat représente le sommet du kaiju eiga.
5/5
Godzilla
x MechaGodzilla (2002) de Masaaki Tezuka
Après
deux incroyables épisodes montrant ce que pouvait produire de meilleur le kaiju
eiga dans deux registres pourtant bien différents, il était difficile de
prendre la relève, ce que réussit pourtant Masaaki Tezuka, déjà réalisateur de
l’excellent Godzilla x Megaguirus dans un film classique et honnête.
Tout
commence avec une nouvelle apparition de Godzilla, dans ce film la première
depuis 1954, qui aboutit à la mort d’un certain nombre de militaires à cause
d’une faute de jugement de l’héroïne Akane Yashiro. C’est d’ailleurs sur elle
que se concentrera le long-métrage, passant par la phase classique de
rédemption et de dépassement personnel avant qu’elle ne puisse piloter
MechaGodzilla, ici renommé en Kiryu sûrement pour le différencier des
précédentes incarnations. Godzilla n’a ainsi qu’un rôle de faire-valoir dans
l’intrigue pour valoriser son pendant mécanique, ce qui n’est pas une mauvaise
chose tant celui-ci vole la vedette aux autres éléments du film et se révèle
fortement photogénique. C’est lui, aux côté de sa pilote, qui est le véritable
héros du film, une idée aussi originale que réjouissante tant le mécha est bien
mis en valeur. D’ailleurs on notera l’excellente idée d’en faire une
réincarnation du Godzilla originel, possédant ainsi sa volonté propre et un
charisme hors-norme, aboutissant par exemple à une super scène de perte de
contrôle de MechaGodzilla qui se fout en mode berserk, Kiryu se loge
immédiatement à une place de choix dans mon petit cœur de fanboy.
Cependant on
regrettera une mise en place trop longue de l’intrigue avant que n’apparaissent
véritablement les monstres, et là où le personnage de la jolie Akane est plutôt
bien travaillé bien que manquant légèrement de subtilité, on ne pourra pas en
dire de même du reste du cast et des personnages plutôt oubliable avec encore
une fois une gamine à se coltiner pendant tout le film, et une bande-originale
passe-partout.
Et comme à l’habitude depuis plusieurs épisodes de la saga, la
longue bataille finale entre Kiryu et Godzilla reste le meilleur moment du
film, les effets numériques étant enfin aboutis et servant parfaitement cette
baston montant cressendo dans l’action et étant diablement fun et efficace,
Tezuka soignant sa mise en scène pour valoriser les deux monstres détruisant
tout sur leur passage.
Un film classique et réjouissant, qui donne ce qu’il
vend.
4/5
Godzilla
x Mothra x MechaGodzilla : Tokyo SOS (2003) de Masaaki Tezuka
On
attendait avec appréhension le moment où la saga baisserait de nouveau en
qualité, et c’est alors qu’arrive la suite directe du film précédent qui s’il
est loin d’être une catastrophe, reste beaucoup trop sage pour convaincre
pleinement.
Déjà dès le début du film, on évacue le personnage pourtant
intéressant et bien géré d’Akane pour la remplacer par une team de prétendants
au poste de pilote de MechaGodzilla tous plus insipides les uns que les autres,
et particulièrement le héros du film. Et à l’image du précédent épisode, les
personnages humains s’occtroient la majeure partie du film, ce qui n’aide pas
franchement à rentrer dedans.
D’ailleurs, l’intrigue est fortement similaire à
son prédécesseur, rajoutant seulement Mothra d’abord comme ennemi puis comme
soutien à Kiryu. Là où il plaira aux fans c’est dans ses multiples références
aux meilleurs épisodes de l’ère showa et notamment à Mothra vs Godzilla dont il
fait presque office de réactualisation, reprenant quasiment à l’identique
certaines scènes qui sont souvent les plus réussies du film.
Malheureusement,
on sent un film de commande servant à rassurer plus qu’autre chose, et
d’ailleurs les passages de suit-motion sont bizarrement moins réussis
qu’auparavant, bien trop lourd pour que l’on puisse entrer pleinement dans
l’action, comme lorsque Godzilla cherche les larves de Mothra et met 20 ans à
se retourner, même s’il s’agit d’un hommage à la fin de Mothra vs Godzilla
reprendre le même rythme ne marche pas dans un film récent où les techniques
d’animation des costumes et leur conception est bien plus abouti.
On retiendra
une soundtrack plus réussie que le premier épisode, certains bons passages de
bastons de monstres et un joli final marquant la fin d’une ère pour la saga.
3/5
Godzilla :
Final Wars (2004) de Ryuhei Kitamura
Nous
y voilà, le dernier épisode de la série avant le reboot américain à sortir
demain qui s’annonce des plus réjouissants, et pour ce dernier jet la Toho a
décidé de débaucher le réalisateur très en vogue à cette époque Ryuhei
Kitamura, après son impressionnant Versus, qui cherchera à mélanger le kaiju
classique aux versions plus modernes aux films d’actions japonais avec des
références occidentales, malheureusement à trop vouloir en mettre, la
mayonnaise ne prend pas vraiment.
Après un recontextualisation des événements,
on commence par un générique hyper bien foutu, réactualisant la Godzilla’s
March d’Ikufube et passant des scènes parmi les plus marquantes de la saga, on
commence à se réjouir à l’idée d’un film chorale qui prendrait ce que la série
a de meilleur, malheureusement pendant quasiment une heure de film on
s’intéresse aux personnages humains et à l’invasion extraterrestre dans des
scènes d’actions et de dialogues apparaissant comme beaucoup trop série B, avec
des références de comics et de sentaï mélangés qui ne marchent jamais vraiment,
des dialogues vraiment pas naturels, des acteurs qui surjouent un peu trop et
un scénario ficelé avec les pieds.
Le film se perd et s’enlise dans sa propre
parodie avant que n’interviennent les monstres et que les réjouissances
commencent enfin, car là où les combats humains sont étonnamment ratés pour un
réalisateur de film d’action mêlés d’arts martiaux, Kitamura insuffle une vraie
dynamique à ses combats de monstres. Certains sont un peu expédiés pour montrer
le pouvoir sans limites de Godzilla, d’autres avec des monstres emblématiques
jouent avec les codes du genre et s’amusent des films de l’ère Showa comme le
match de foot (!) entre Godzilla, Anguirus, Rodan et King Caesar tandis que la
fin donne de vraies bastons impressionnantes faisant participer Big G face à un
nouveau monstre qui se révèlera être une nouvelle forme plus démoniaque de ce
bon vieux Ghidorah, tandis que Mothra affronte un Gigan renouvellé et
étonnament super classe, ces combats sont malheureusement trop souvent
entrecoupés avec un retour à l’intrigue humaine vraiment pas intéressante et
mal foutues contre des extraterrestres ridicules venant directement de Matrix.
La bande-son de Keith Emerson est très typée occidentale mais reste en dent de
scie, alternant de la bouillie techno à de super thèmes épiques.
En définitive,
un film vraiment trop inégal pour convaincre, malgré de super bastons de monstres
malheureusement gachées par… Ben, tout le reste.
2/5
Edit après séance :
Alors le Godzilla de Gareth Edwards est ultra-respectueux de la saga originale, peut-être trop et s'inscrit directement dans sa continuité. Mais les trailers sont un peu mensongers, pour faire une analogie avec l'adaptation de comics on s'attend à un Dark Knight, et on a un Avengers, alors c'est tout aussi bien mais c'est très différent. La mise en scène et la photo sont IN-CRO-YABLES, une vraie putain d'ambiance s'installe et c'est vraiment un film à vivre, on est pendu à son rythme et on se surprend à commenter directement l'action, à jubiler devant les scènes que l'on attend. C'est une vraie expérience à vivre en très grand où tout est bigger than life, malgré un certain classicisme dans l'histoire que l'on oublie vite tant ce Godzilla représente assurément LE blockbuster Alpha.
Maintenant, je vous livre mon classement des films de la saga, et vous donne rendez-vous demain pour la très longue critique du film. Mais une chose est sûre, je me fais ma deuxième séance dès ce week-end.
Classement :
30 – Son of Godzilla (1967)
de Jun Fukuda
29 – Godzilla vs Megalon (1973) de Jun Fukuda
28 – Godzilla’s Revenge
(1969) d’Insoshiro Honda
27 – Godzilla vs SpaceGodzilla
(1994) de Kensho Yamashita
26 – Invasion of Astro-Monster
(1965) d’Inoshiro Honda
25 – Godzilla (1998) de Roland
Emerich
24 – Ghidrah the Three-Headed
Monster (1964) d’Inoshiro Honda
23 – Ebirah : Horror of the
Deep (1972) de Jun Fukuda
22 – Godzilla vs Gigan
(1972) de Jun Fukuda
21 – Godzilla vs MechaGodzilla (1974) de Jun Fukuda
20 – Godzilla : Final Wars
(2004) de Ryuhei Kitamura
19 – King Kong vs Godzilla (1962) d’Inoshiro
Honda
18 – Godzilla Raids Again (1955) de Motoyoshi Oda
17 – Godzilla x Mothra x MechaGodzilla : Tokyo
SOS (2003) de Masaaki Tezuka
16 – Terror of MechaGodzilla (1975) d’Inoshiro Honda
15 – Godzilla vs Hedorah (1971) de Yoshimitsu Banno
14 – Godzilla vs MechaGodzilla II (1993) de Takao
Okawara
13 – Godzilla 2000 : Millenium (1999) de Takao Okawara
12 – Godzilla vs Biollante (1989) de Kazuki Omori
11 – Godzilla vs King
Ghidorah (1991) de Kazuki Omori
10 – Godzilla x MechaGodzilla (2002) de Masaaki Tezuka
9 – The Return of Godzilla
(1984) de Koji Hashimoto
7 ex aequo – Destroy All Monsters (1968) de Inoshiro
Honda et Godzilla x Megaguirus (2000) de Masaaki Tezuka
6 – Godzilla and Mothra :
The Battle for Earth (1992) de Takao Okawara
5 – Godzilla, Mothra and
King Ghidorah : Giant Monsters All-Out Attack (2001) de Shusuke Kaneko
4 – Godzilla vs Destoroyah (1995) de Takao Okawara
3 – Godzilla (2014) de Gareth Edwards
2 – Mothra vs Godzilla (1964) d'Inoshiro Honda
1 – Godzilla (1954) d'Inoshiro Honda